Invité d'exceptionnel d'Europe 1 à l'occasion des cinq ans des attentats de Paris et de Saint-Denis, Sting explique pourquoi il a accepté d'être le premier artiste à remonter sur la scène du Bataclan. Le chanteur culte, qui se souvient de ce concert comme l'un "des moments les plus forts de sa carrière", explique qu'il avait "deux missions".
Il est le premier artiste à avoir reposé un pied sur scène après le drame. Alors que la France commémore ce vendredi les cinq ans de l'attentat du Bataclan, qui a fait 90 victimes, le chanteur de légende Sting revient sur "l'un des moments les plus forts de sa carrière" : le concert de réouverture qu'il a donné dans la salle meurtrie par les fusillades, un an après. Invité exceptionnel d'Europe Matin, il explique pourquoi il a accepté cette lourde tâche et affirme "que nous devons exorciser les fantômes" du Bataclan.
"Un moment d'une très grande gravité"
"J'étais très honoré et aussi conscient que c'était un moment d'une très grande gravité", raconte l'artiste. En montant sur scène ce 12 novembre 2016, Sting sait qu'il a "deux missions à accomplir" : "honorer les morts et célébrer la réouverture d'une salle de concert historique". Deux tâches antinomiques à première vue. Face à ce dilemme, il décide, avant même la minute de silence qui a précédé son concert, d'expliquer la situation au public. Et malgré la présence de certains survivants et de proches de victimes, "plus la soirée avançait, plus le concert devenait une célébration", affirme-t-il.
Sting pendant son concert de réouverture du Bataclan. Crédit photo : STRINGER / AFP
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Des chansons pour ces événements spéciaux
Malgré le caractère exceptionnel de ce concert, ce n'était pas une première pour Sting. "Ce genre d'expérience ne m'est pas étrangère, j'ai connu des moments émouvants, dans des moments graves : j'ai joué au Chili, en Argentine, en mémoire des disparus, en présence de leur famille dans les lieux mêmes où ils avaient été exécutés." Le chanteur a même des chansons "pour ce genre d'événements", des titres qui permettent à la fois d'honorer la mémoire des morts, et de célébrer la vie.
C'est notamment le cas de sa chanson Fragile, sortie à la fin des années 1980. Un titre qui "évoque la fragilité des hommes, leur tristesse, mais aussi leur force", explique Sting. La chanson commence d'ailleurs par ces paroles : "Si le sang s'écoule quand la chair et l'acier ne font qu'un en séchant dans la couleur du crépuscule, la pluie de demain enlèvera toutes les taches. Mais une chose restera toujours ancrée en nous."
Des mots qui ont raisonné dans le Bataclan en ce soir du 12 novembre 2016 et qui témoignent du "paradoxe de la condition humaine" décrit par Sting : "vivre entre la vie et la mort." Et malgré la difficulté de se produire devant des rescapés et des proches de victimes, Sting "aime qu'on lui offre ce genre d'opportunité".