Des médecins, chefs de services, infirmières, aides-soignants et cadres des hôpitaux universitaires de Strasbourg ont manifesté lundi matin devant l'Agence régionale de santé (ARS) pour réclamer davantage de moyens et de personnel et prévoient de déposer plainte. "L'Agence régionale de santé tue l'hôpital universitaire". Derrière cette banderole, plus d'une centaine de personnes se sont rassemblées à l'appel d'un collectif de médecins hospitaliers, constitué dès 2016 pour protester contre les mesures d'économies imposées aux hôpitaux universitaires de la capitale alsacienne.
"Nous allons déposer la semaine prochaine une plainte pour mise en danger de la vie d'autrui, maltraitance du personnel et favoritisme pour les cliniques privées", a indiqué le professeur Jean-Philippe Mazzucotelli, chef de service de chirurgie cardiaque et porte-parole du collectif, après avoir été reçu par les responsables de l'ARS.
"Le combat continue". "Nous sommes partis fâchés, le combat continue", a-t-il expliqué, dénonçant "l'absence de personnel", "le non-remplacement des congés maladie, des congés maternité" et "la suppression de postes". "Par le passé, les infirmières avaient déjà manifesté pour des questions de salaire ou de conditions de travail. Maintenant, nous manifestons pour pouvoir soigner les patients", a expliqué une infirmière du pôle cardiologie, ne souhaitant pas être identifiée. Cette infirmière et ses collègues affirment être désormais rappelés régulièrement lors de leurs congés pour pallier le manque de personnel ou devoir aller dépanner d'autres services même s'il ne s'agit pas de leur spécialité, "au détriment de la sécurité du patient".
"Les problèmes sont criants". "Les malades ont droit à des soins sûrs. On enlève toute humanité à l'hôpital", qui est pourtant le lieu de nombreuses spécialités de pointe, a critiqué Patrick Spiess, président de l'association régionale des greffés du cœur et des poumons, venu soutenir la manifestation des médecins hospitaliers. A l'appel de plusieurs syndicats, un mouvement de grève avait eu lieu mardi dernier aux urgences du CHU de Strasbourg pour alerter sur la dégradation des conditions de travail. "Les problèmes des urgences sont criants, mais en fait, dans tous les services, c'est la même problématique, on a franchi la ligne rouge", alerte le professeur Mazzucotelli.