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M.S. , modifié à
Le réalisateur Edouard Bergeron a réalisé plusieurs documentaires sur les jacqueries paysannes.
INTERVIEW

Le Salon de l’agriculture n’est qu’une "vitrine", pour le réalisateur de documentaires sur les paysans Edouard Bergeron. "Je me sens loin de cette agriculture qui brille. J’arrive tout juste de la paysannerie française, de la campagne, où j’étais dans la ferme de deux frères qui sont dans la Vienne", raconte-t-il samedi dans la Matinale d’Europe 1. "Pour eux, cette agriculture qui brille ne les reflète pas. La visite du président de la FNSEA ce matin et du président de la République ne les reflète pas. Leur agriculture, la vraie, celle du quotidien, elle est chez eux." Que pense-t-il de la mobilisation des agriculteurs ? "Je ne sais pas si on est l’aube d’une jacquerie. Toutes les révolutions ont commencé par une jacquerie… On est peut être à l’aube d’une forme de révolution."

Son père, "un homme combatif". Edouard Bergeron est journaliste, mais également fils de paysans. Son père, acculé par les dettes, s’est suicidé. Il est choqué par le chiffre selon lequel un agriculteur se donnerait la mort tous les deux jours. "C’est peut-être même tous les jours", soupire-t-il. "C’est beaucoup trop, c’est impossible à entendre ce chiffre, c’est la réalité. En allant encore cette semaine dans la Vienne, on entend qu’un voisin a mis fin à ses jours, qu’un autre est vraiment fragilisé. les deux paysans que j’ai rencontrés m’ont tous les deux parlé de moments de faiblesse. L’un tient parce que sa famille est là... La femme et les enfants de l’autre sont partis. Il dit qu’il n’a plus de repères." 

Le réalisateur insiste avec amertume et émotion sur l’histoire de sa famille. "Mon père a mis fin à ses jours il y a dix-sept ans maintenant. Il était un homme combattant, un homme combatif qui aimait son métier, qui était fier. Ma mère, aujourd’hui, touche pour tout le travail de mon père 220 euros de pension de réversion."