Un collège de Grenoble, classé en réseau d'éducation prioritaire (REP), est en grève depuis trois semaines pour dénoncer les suppressions de contrats aidés de surveillants, dans un climat de "dialogue de sourds" avec le rectorat qui appelle à la reprise du travail. L'an passé, la rentrée du collège Vercors, situé dans un quartier populaire, avait déjà débuté avec une grève du personnel pour demander six postes à temps plein d'assistants d'éducation (AED) pour leurs 400 élèves, finalement obtenus après 9 jours de grève.
Exigences non-satisfaites. Cette année, l'établissement accueille 415 élèves "et nous n'avons plus que 4,5 postes", explique Julien Abriou, professeur de sciences physiques, en grève depuis le 8 septembre. Le rectorat, après avoir envoyé des inspecteurs pédagogiques sur place, a proposé mercredi aux grévistes "d'allouer un demi-poste de conseiller principal d'éducation (CPE) provisoire" et de "dresser un bilan de l'organisation de la vie scolaire qui sera présenté en décembre".
"Nous avons le sentiment d'avoir un dialogue de sourds : on leur dit qu'on a soif et ils veulent nous donner à manger !", résumait Julien Abriou au sortir d'une nouvelle réunion au rectorat jeudi. "Nous avons besoin de surveillants dans les couloirs, la cour, à l'entrée et à la sortie des élèves, pas d'un demi CPE !". "Dans le fonctionnement concret, il nous manque 1,5 temps plein de surveillant. Mais on est d'accord pour revoir nos exigences et reprendre les cours à condition qu'on puisse avoir au moins un demi-poste de surveillant", a avancé le professeur. "D'après leurs calculs (...) notre situation n'est pas assez prioritaire. Ça nous fait rire car on est déjà en REP."
Inquiétude des parents d'élèves. Selon lui, 26 des 35 professeurs du collège étaient encore en grève jeudi ainsi que "les 4,5" surveillants. "Demain (vendredi), on poursuit le mouvement et avec les positions du rectorat, certains collègues vont se remettre en grève", a assuré Julien Abriou. Le recteur de l'académie de Grenoble, Claudine Schmidt-Lainé, juge que "des moyens conséquents ont été alloués à l'établissement depuis 2015 pour tenir compte de l'évolution des effectifs et de son appartenance au réseau prioritaire". Les parents d'élèves, qui avaient massivement soutenu le mouvement, commencent à douter de son efficacité cette fois-ci et s'inquiètent pour leurs enfants. "Solidaires et pas dupes sur le fond", ils ne le sont plus "sur la forme".