L'idée d'un paquet de cigarettes à dix euros, évoquée par la ministre de la Santé et soutenue par le Comité national contre le tabagisme, suscitait vendredi le rejet des industriels comme des buralistes, mécontents de voir réapparaître une promesse de campagne du président Emmanuel Macron.
Forte hausse pour le consommateur. Interrogée par le quotidien Le Parisien , Agnès Buzyn s'est dite "pas contre" une hausse du paquet de cigarettes à dix euros, une idée qu'Emmanuel Macron avait avancé lorsqu'il n'était que candidat, en mars. Cette option doit être "discutée avec l'ensemble des acteurs", selon elle. Du point de vue du consommateur, une telle hausse représenterait une progression de moitié, le prix du paquet évoluant actuellement à 6,5 euros ou légèrement plus.
"Opposition la plus totale". La Confédération des buralistes a rapidement réagi par un communiqué qui "réaffirme son opposition la plus totale" à une telle mesure, préférant "faire de la lutte contre le marché parallèle une priorité de Santé publique". La ligne est semblable chez les industriels, comme British American Tobacco (BAT), propriétaire de marques comme Lucky Strike et Dunhill. "Le choc des prix, on l'a déjà fait", a réagi Elodie Marchand, responsable de la communication pour la France de BAT. "En dix ans, le prix du tabac a doublé. On a le plus grand marché noir d'Europe et pas un fumeur en moins depuis."
Buzyn soutenue par le CNCT. Suivant la ligne habituelle des cigarettiers, Elodie Marchand jugeait plus utile de promouvoir la cigarette électronique, mais Agnès Buzyn a d'ores et déjà exprimé son scepticisme en invoquant le "peu de preuves scientifiques pour considérer qu'il s'agit d'un outil efficace" dans la lutte contre le tabagisme. Logiquement, les déclarations de la ministre ont en revanche été saluées par le Comité national contre le tabagisme (CNCT), principale association active dans le domaine.
Une "connaissance aigüe". "La politique fiscale est extrêmement efficace", a assuré la directrice du CNCT, Emmanuelle Béguinot, saluant au passage une "connaissance aigüe" de la question du tabagisme par Agnès Buzyn, ex-présidente de l'Institut national du cancer (INCa). "On est en soutien d'une approche de hausse significative des prix du produit du tabac - pas seulement le paquet de cigarettes, mais aussi le paquet de tabac à rouler", a-t-elle conclu.