"Marisol Touraine déclare la guerre aux chirurgiens-dentistes", "nous sommes furieux", ont réagi vendredi les deux principaux syndicats de la profession (CNSD et FSDL) au lendemain de l'annonce par la ministre de la Santé de la mise en oeuvre de la réforme des tarifs.
"On a l'impression d'être puni". "Le mépris de la ministre a atteint son paroxysme. Nous n'avons pas été entendus", a condamné le président de la FSDL (premier syndicat des dentistes), Patrick Solera. "Les tarifs sont en dessous de ceux proposés par l'Assurance maladie", dénonce-t-il et promet "de durcir les actions dans la rue".
La réforme de la tarification des dentistes a donné lieu à plusieurs actions de protestation ces dernières semaines dont la dernière, vendredi dernier à Paris, a rassemblé entre 6.000 et 10.000 personnes. "Il y a une énorme colère de la profession. On a l'impression d'être puni de ne pas avoir accepté de signer" l'avenant à la convention, a fustigé de son côté la présidente de la CNSD, Catherine Mojaïsky.
Nouveaux tarifs en vigueur à partir de 2018. Jeudi soir, la ministre de la Santé a annoncé qu'elle allait "approuver la proposition d'arbitrage" relative à la négociation conventionnelle entre les représentants des chirurgiens dentistes et l'Assurance maladie qui fixe de nouveaux tarifs entrant en vigueur à partir de 2018.
Les mesures prévoient une revalorisation des tarifs des soins conservateurs pour un coût évalué à 658 millions d'euros sur quatre ans, en contrepartie d'un plafonnement de ceux des prothèses (couronnes, bridges...) dans l'objectif de diminuer le renoncement aux soins pour raison financière.
Des revalorisations jugées insuffisantes. Au total, "la revalorisation des actes pour les chirurgiens-dentistes s'élève à 273 millions d'euros, soit un gain moyen de 7.600 euros d'honoraires supplémentaires par chirurgien-dentiste libéral d'ici à 2021", a assuré le ministère.
Le recours au règlement arbitral, fortement contesté par les professionnels, intervient après le rejet par les trois syndicats de la profession fin janvier des propositions de revalorisation des actes de l'Assurance maladie qu'ils jugeaient "insuffisantes". Le gain net pour les dentistes s'élevait alors à 341 millions d'euros.
"La ministre met en difficulté des cabinets, tout ça pour de l'affichage politique", a déploré Catherine Mojaïsky dont le syndicat se dit en "colère" contre les niveaux de tarifs proposés pour la prise en charge des bénéficiaires de la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) qui seront étendus aux personnes disposant de l'Aide à la complémentaire santé (ACS). "Certains actes ne pourront pas être réalisés" car les tarifs "sont très inférieurs au coût de fabrication", a affirmé la CNSD.