Tariq Ramadan va rester en détention. Sa troisième demande de remise en liberté a été rejetée mercredi par les juges qui se sont appuyés sur le contenu explicite d'un rapport d'expertise informatique, qu'Europe 1 a pu consulter. Les messages crus et les SMS d'excuses révélés mettent à mal la défense de l'intellectuel musulman qui a bien proposé à "Christelle", la deuxième plaignante, de le rejoindre dans sa chambre le 9 octobre 2009. Le jour même où elle affirme avoir été violée. Pour son avocat, Éric Morain, ce rapport d'expertise constitue un "tournant majeur" dans l'affaire.
"Tariq Ramadan avait reconnu une relation de nature sexuelle mais virtuelle", explique Éric Morain. "Il avait dit qu'ils s'étaient rencontrés le 9 octobre pour boire un café à l'hôtel Hilton de Lyon, on sait aujourd'hui que ça n'est pas le cas", poursuit l'avocat. "On sait désormais que cette rencontre était souhaitée, planifiée par les deux. On sait qu'il y a eu relation sexuelle, et on sait aussi qu'il y a des messages après le 9 octobre, notamment de Tariq Ramadan, adressés à ma cliente, et que cette relation sexuelle n'a pas été entièrement consentie par ma cliente, en tous cas, dans son mode, pas complètement", affirme-t-il.
"Quand on est amoureux, on abaisse les barrières". "On a à peu près 400 messages échangés entre la fin du mois d'août 2009 et le 15 décembre 2009", détaille l'avocat. "On a toute l'histoire. Toute l'histoire telle que ma cliente l'avait racontée et toute l'histoire telle que Tariq Ramadan, jusqu'à encore la semaine dernière, la niait" ajoute-t-il. Pourquoi, en dépit du contenu explicite des messages, sa cliente s'est-elle rendue au rendez-vous du mois d'octobre à Lyon ? "Elle est fraîchement convertie à l'islam, elle a une relation qui est de moins en moins virtuelle avec Tariq Ramadan, qu'elle considère comme quelqu'un d'éminemment respectable", explique le conseil de "Christelle". "Elle raconte, et elle l'a dit aux juges, qu'ils s'étaient fiancés par Skype, il lui avait dit qu'il était divorcé", poursuit-il. "Elle est amoureuse et quand on est amoureux on abaisse les barrières", analyse encore Me Éric Morain.
"Une relation consentie" pour l'avocat de Tariq Ramadan
Interrogé par Europe 1, l’avocat de Tariq Ramadan estime que cette expertise pointe surtout "les mensonges de Christelle", citant des messages doux - non datés - de la plaignante. "Très clairement cela démontre qu’il s’agissait d’une relation consentie" martèle Me Emmanuel Marsigny, indiquant que Tariq Ramadan va demander à être auditionné par les juges "très rapidement". "Il est regrettable qu’en l’état les magistrats aient préféré voir plutôt une contradiction chez monsieur Ramadan que les contradictions de la partie civile", conclut-il.