L’affaire Tariq Ramadan rebondit en Suisse où le théologien est déjà visé par une plainte pour viol. Un rapport d'enquêteurs indépendants, consulté par Europe 1 et Libération, confirme les témoignages d'anciennes élèves qui avaient affirmé avoir été victimes d'attouchements lorsqu'elles étaient mineures, dans les années 1990-2000. Tariq Ramadan était alors leur professeur.
Des caresses imposées par Tariq Ramadan. Tous les témoignages recueillis par le rapport s’accordent sur un point : Tariq Ramadan aimait construire une relation particulière avec chacun de ses élèves, filles comme garçons, organisant des entretiens individuels et même des déjeuners en tête à tête hors de l’établissement. C’est lors d’un de ces rendez-vous que trois femmes, à l’époque collégiennes, décrivent la même scène : des caresses imposées par Tariq Ramadan dans la voiture alors qu'ils se rendaient au restaurant. Parlant de l'une d'entre elles, le rapport précise : "Il l'a prise en charge dans sa voiture, insista pour qu'elle s'installe sur le siège avant du passager et presque aussitôt posa sa main droite sur sa cuisse gauche, tout en lui tenant des avances inappropriées et intrusives".
Évoquant le témoignage d'une autre femme, le rapport détaille encore : "En chemin, il s'est arrêté sur un parking isolé, l'a embrassée et a eu des attouchements sexuels. Le même scénario s'est répété un soir avant les vacances d'été. Sous l'emprise de Tariq Ramadan, leurs rencontres se sont poursuivies durant une année et demie".
Des relations consenties mais "sous son emprise". Deux autres femmes, l’une adolescente, l’autre tout juste majeure, affirment avoir eu des relations sexuelles consenties mais, disent-elles, "sous son emprise".
Les professeurs disent ne rien avoir décelé. La plupart des collègues de Tariq Ramadan dans les différents établissements où il a enseigné affirment n'avoir rien décelé de particulier si ce n’est que l'homme était brillant, charismatique et capable de fasciner ses élèves. Le rapport cite l'ancienne conseillère d'État en charge du département de l'instruction publique. Elle raconte avoir été marquée par une scène survenue après une remise des diplômes en 2002 au collège de Saussure. Tariq Ramadan était alors entouré de plusieurs élèves et avait à ses pieds des bouquets de fleurs : "J'ai évoqué avec étonnement cette anomalie de façon informelle, probablement avec le directeur et d'autres membres de la direction sans en tirer de conclusions particulières, si ce n'est que je trouvais cela malsain...", a-t-elle expliqué aux enquêteurs.