Alors qu'Emmanuel Macron a présenté mercredi la "task force", un système de centralisation du renseignement à l'Élysée pour lutter contre le terrorisme, Gilles Kepel estime qu'il faut aller plus loin que la dimension sécuritaire. "Il me semble important, quand on réfléchit à la question du terrorisme, de ne pas considérer que le terrorisme djihadiste est juste un phénomène marginal dont on peut se débarrasser si on est plus efficace en terme sécuritaire", prévient ce professeur à Sciences-Po, spécialiste des questions de terrorisme et du monde musulman, invité du Club de la presse mercredi.
Trouver une politique pénitentiaire adaptée. "Bien sûr, la sécurité est fondamentale pour nos concitoyens mais ce n'est pas juste le renseignement", poursuit-il. "Il faut par exemple penser aux prisons. Les prisons ont été l'incubateur majeur du djihadisme sans qu'on s'en rende compte pendant dix ans", rappelle Gilles Kepel, évoquant tour à tour les différentes solutions expérimentées en vain, comme les "quartiers réservés" qui étaient devenus des contre-pouvoirs à la prison selon lui. "Il faut rapidement trouver une solution" sur la politique pénitentiaire des djihadistes, indique-t-il.
La question de l'école. "Ensuite, on a la question de l'école. Que s'est-il passé dans les classes pour que les enfants qui sortent sans avoir de travail rejettent à la fois les savoirs et les valeurs qui sont corrélées à ces savoirs ?", demande encore Gilles Kepel. "La question du terrorisme, il faut l'aborder à la fois en terme sécuritaire et à la fois en termes social et psychologique pour lutter contre cet extrémisme violent. On a vu jusqu'à présent ces différentes initiatives se percuter les unes aux autres et être peu coordonnées", résume-t-il. Et de conclure qu'avec la création de la "task force", le président Macron allait devoir maintenant "arbitrer".