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Margaux Fodéré / Crédit photo : Christine Sandu/Unsplash , modifié à
Jusqu’à 90% des pharmacies en grève ce jeudi. La profession se mobilise pour alerter sur les menaces qui pèsent sur son secteur. Parmi les motifs de colère : la tension sur l’approvisionnement en médicaments. Ces situations existent aussi dans d’autres pays européens. Mais la situation est particulièrement tendue dans l’Hexagone.

Les pharmaciens se mobilisent ce mercredi pour alerter sur les menaces qui pèsent sur son secteur. Par les motifs de la colère : la tension sur l'approvisionnement en médicaments. L'année dernière, l'Agence nationale de sécurité sanitaire a enregistré quasiment 5.000 signalements de tensions d'approvisionnement. Des situations qui existent aussi dans d'autres pays européens, mais la situation en tendue en France. 

Une conséquence des prix 

Et pour cause, les médicaments coûtent bien moins cher en France que dans la quasi-totalité des autres pays d'Europe. Plus d'un médicament essentiel sur trois est même vendu à moins de 25 centimes l'unité, selon une étude du cabinet Simon Kurcher pour le syndicat des entreprises du médicament, le Leem.  

Forcément, ces tarifs peu attractifs n'incitent pas les fabricants à choisir la France, reconnaît le Dr Yves Juillet, membre de l'Académie de Médecine et président honoraire de l'Académie de Pharmacie. Il avait également été auditionné par le Sénat en 2023 sur la pénurie de médicaments en France : "La pénurie de médicaments en France pour les produits anciens, c'est-à-dire les produits qui sont hors brevets, qui sont génériques, est plus importante que dans d'autres pays européens. Et c'est directement lié aux prix. Les prix n'ont pas été revalorisés depuis des années et même, sont régulièrement baissés", explique-t-il au micro d'Europe 1. 

Alors pour attirer les fabricants, certains pays font monter les enchères. Fin 2022, l'Allemagne, par exemple, a augmenté les prix de plusieurs médicaments pour enfant. 

Relocaliser un certain nombre de molécules

La France, elle, préfère miser sur les stocks pour anticiper les tensions. Mais ces solutions de court terme ne suffiront pas, prévient Nathalie Coutinet, enseignante chercheuse à l'Université Paris Nord : "Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est vraiment régler cette question des pénuries et ça ne passera que par la relocalisation d'un certain nombre de molécules sur le territoire européen". 

Pour le moment, 60 à 80% des principes actifs sont fabriqués en dehors de l'Union Européenne.