Face à la Tour Eiffel, nous sommes tous tentés de regarder en l’air. Pourtant, il se passe aussi beaucoup de choses sous nos pieds. À l’occasion de notre matinale spéciale depuis le premier étage de la Tour Eiffel mercredi 16 septembre, nous sommes allés visiter un lieu plein de surprises, interdit au public, mais riche en histoire : la machinerie de l’ascenseur du pilier Est. La Dame de fer compte cinq ascenseurs, mais un seul a conservé un mécanisme proche de celui de 1899, alors que les autres sont passés à l’électrique (ascenseurs Nord et Sud) ou au thermique (Ouest). Europe 1 est allée regarder de plus près.
En pénétrant dans les entrailles de cet ascenseur Est, le choc est d’abord visuel : un monde de métal aux couleurs vives se dévoile devant nos yeux. D’immenses cylindres, jaunes et rouges, encadrent un réseau de tuyaux, bleus, de câbles et d’équipements, rares témoins vivants d’un lointain patrimoine industriel. On se croirait dans un roman de Jules Verne, voire dans les coulisses de la fabrique du père Noël.
La force motrice de l’ascenseur est l’eau. Au moyen d’une soupape - "le robinet", selon les mots des techniciens - l’eau est envoyée à très forte pression dans les tuyaux. Un chariot "porte-piston" (jaune et rouge…) relié par des câbles à l’ascenseur, se met alors en mouvement grâce à cette pression. Et lorsqu’il se déplace, l’ascenseur monte (ou redescend) et d’immenses cylindres de 190 tonnes viennent faire contre-poids.
Le chariot :
Ce mécanisme unique date de 1899. Mais si l’eau constitue encore la principale force de mouvement de l’ascenseur, celui-ci a été modernisé depuis. En 1986, notamment, des moteurs thermiques ont été installés pour venir en renfort de l’hydraulique et aider à stabiliser le mécanisme. Surtout, à la même date, le "conducteur" de l’ascenseur a été remplacé par un automate, un système électronique qui permet de réguler la pression de l’eau.
Les cylindres :
La pression de l'eau était auparavant gérée par l’homme, au moyen d’un…. volant : en le tournant, le conducteur pouvait ainsi doser la pression. Dans ces entrailles de fer, on peut également encore s’imaginer les ouvriers du début du 20e siècle allant chercher leurs boulons dans l’un des vieux casiers verts bordant le mur près de l’escalier de service, ou portant vaillamment les immenses (et pesantes, on a testé !) clefs encore accrochées aux côtés des vieilles "pompes à graisse", servant à huiler le mécanisme.
Aujourd’hui, les secrets de fabrication, d’entretiens et de fonctionnement de l’ascenseur Est sont entre les mains des techniciens de la Dame de fer (44 au total, aux compétences différentes). Combien de temps ce patrimoine industriel va-t-il subsister ? Plus rentables, moins difficiles à faire fonctionner, à entretenir et à sécuriser, les mécanismes électriques et thermiques ont fini par s’imposer dans les autres piliers. Mais beaucoup espèrent que le vieux cœur de l’ascenseur Est continuera de battre encore longtemps.