Besoin de déconnecter ? Alors les Cévennes seront "votre paradis", vante le chroniqueur de "Et si on partait ?" sur Europe 1, Jean-Bernard Carillet. L'auteur du Lonely Planet est parti à la découverte du mode de vie et des traditions rurales qui animent cette région du sud-est du Massif-Central, notamment la transhumance, qui a valu aux "Causses et Cévennes" d'être inscrits au patrimoine mondial de l'Humanité, en 2011.
Quatre jours dans la vie d'un berger
"La première expérience que je vous propose, c'est de devenir apprenti berger dans les estives, aux côtés d’un professionnel à pied, lors d’une transhumance. Beaucoup de prestataires le proposent. Pendant quatre jours, vous allez vivre aux côtés d’un berger. Une immersion dans le monde pastoral, dans des paysages à couper le souffle, avec une nuit sous la voie lactée, le tout aidé par des ânes de portage. Un périple qui, malgré les apparences, est millimétré.
Le premier jour, c'est les préparatifs : on apprend à mettre un licol [une pièce de harnais, ndlr], à toiletter, à vérifier les sabots et installer les sacoches sur les ânes. Côté brebis, la confection des décorations traditionnelles est en cours, et le berger nous raconte toute la symbolique des pompons et le rôle des différentes sonnailles. En fin de journée, elles sont rassemblées dans un enclos. Chaque animal doit être attrapé par la patte arrière et immobilisé. Il faut s’y mettre à plusieurs : l’un se place à califourchon sur la brebis, les autres accrochent décorations et sonnailles.
Deuxième jour : la transhumance s'élance, on 'endraille'. La coordination des participants à la transhumance est importante pour que le troupeau reste groupé derrière le berger, même sur les sentiers étroits. Aidés des chiens de berger, nous veillons à ce que les brebis retardataires rejoignent rapidement le groupe. Tout au long du voyage, les haltes (environ toutes les deux heures) nous permettent de nous restaurer et de reprendre des forces avec des repas à base de produits de la ferme. La journée se termine par un bivouac.
Le lendemain matin, on se débarbouille dans la rivière avec un savon 100% naturel et on profite d'une vue à couper le souffle. On prépare ensuite les ânes et on endraille ! Lors du quatrième et dernier jour, on arrive dans les paysages granitiques du mont Lozère et on partage notre dernier repas avec le berger. D’une manière générale, les balades avec un âne, à la journée ou sur plusieurs jours, sont idéales pour découvrir la région.
Un champ de menhirs...
Ce périple est d'autant plus impressionnant que le mont Lozère réserve une belle surprise. Le magnifique géant de granit à l’austère beauté recouvert d’herbages jaunis cache en son sein un...champ de menhirs, la Cham des Bondons. Sur un plateau à 1.000 m d’altitude, il y en a 154, éparpillés sur 10 km² : c’est le deuxième site mégalithique de France, juste après les alignements de Carnac, en Bretagne. C'est l'un de mes coins préférés en Lozère : pas d’arbres, horizons infinis, ambiance mystérieuse et inquiétante...
... et un train à vapeur
Mais vivre dans la peau d'un berger n'est pas la seule expérience mémorable des Cévennes : il y a le fameux train vapeur qui circule entre Anduze et Saint-Jean-du-Gard. 40 minutes de bonheur, dans des wagons ouverts, à défiler dans des vallées encaissées. Mais le must reste encore le baptême à bord de la locomotive. Une expérience inoubliable de l'atelier aux rails, en passant par le chargement du charbon.
D'autant que ce train d'un autre âge s'arrête à la bambouseraie, un magnifique jardin exotique, issu du rêve d’un négociant local originaire du Gard qui avait fait fortune au 19ème siècle. Quelque 200 espèces de bambous s'y épanouissent sous le soleil cévenol, il y a même un bambou géant, qui fait plus de 25 mètres de haut, avec une tige de 20 centimètres de diamètre. D'ailleurs, il y a une petite anecdote à connaître sur cette bambouseraie : tous les 15 jours, un camion prend livraison d’un chargement de feuilles de bambou pour nourrir le panda du zoo de Berlin, qui ne mange que ça.