Alors que de nombreux collégiens et tous les lycéens n'ont pas encore retrouvé les bancs de l'école, comment faire en sorte que les dernières semaines de cette année scolaire 2019-2020 se déroulent pour le mieux ? Malgré la difficulté logistique causée par ces mesures de protection face à la crise du coronavirus, il existe des solutions pour bien vivre cette fin d'année. C'est ce qu'explique la psychothérapeute Isabelle Filliozat, invitée de l'émission Sans Rendez-vous sur Europe 1, lundi après-midi.
L'atout des jeux de société
Un constat, d'abord : "Depuis le début du confinement, on est trop focalisés sur les contenus", déplore Isabelle Filliozat, auteure d'On ne se comprend plus (éditions Jean-Claude Lattès). (…) Les contenus, ce n'est pas grave. Les enseignants vont le reprendre dès le début de l'année prochaine."
Pour l'heure, il faut donc se concentrer sur la méthode plutôt que sur les programmes : "Le plus important pour les parents est de former les compétences exécutives des enfants, les aider à construire le cerveau dont ils ont besoin pour que, lorsqu'ils retourneront au lycée et au collège, ce soit très facile pour eux", souligne la spécialiste, qui entend par "compétences exécutives" la capacité à se concentrer, par exemple.
"Comment fait-on, concrètement ? On joue à des jeux de société, ensemble, on est attentifs", poursuit Isabelle Filliozat au micro Europe 1 de Mélanie Gomez. "Est-ce que l'enfant arrive à se concentrer longtemps, à inhiber une réaction ? Quand on pose une devinette, s'il y a tout de suite la réponse, c'est un piège. Est-ce que j'arrive à ne pas bondir sur une solution immédiatement et plutôt à prendre le temps de réfléchir ?"
Privilégier le support au contrôle
Cette attention redoublée sur l'attitude de l'adolescent va de pair avec un rôle de parent ajusté : "Aucun ado ne va travailler sous la coupe de son parent donc ce n'est pas la peine de disputer là-dessus", balaie la psychothérapeute. "On peut rester attentifs à leur travail ; c'est complètement différent. On peut leur demander 'comment ça se passe pour toi ?', 'de quoi est-ce que tu as besoin ?', 'comment veux-tu que je t'accompagne là-dessus ?' On va plutôt se présenter en support qu'en contrôle. Plus je me recule en support, plus l'ado va avoir tendance à s'appuyer sur moi."
" Il va peut-être falloir obtenir des établissements qu'ils modifient les horaires "
Ce rôle de "support" se traduit également par une attitude plus tolérante à l'égard des rythmes de l'enfant, qui peuvent être décalés dans cette période si particulière. Avec, par exemple, des heures de lever et de coucher plus tardives : "Tant que le travail est fait, alors ça veut dire que l'enfant régule à peu près sa journée, mais c'est important de regarder ce qui se passe réellement et vérifier si ça ne recouvre une dépression ou une problématique. Est-ce qu'il vit complètement la nuit et dort le jour ou est-ce seulement un décalage de l'heure d'endormissement ? (…) Il va peut-être falloir, au moment de la reprise, obtenir des établissements qu'ils modifient les horaires pour commencer plus tard", estime Isabelle Filliozat.
La balade en forêt repensée
Voilà pour le travail et les devoirs, en semaine. Mais le rôle de parent doit aussi se repenser le week-end, lorsque la famille se retrouve ensemble. Il ne faudrait pas, selon Isabelle Filliozat, reprendre les mêmes activités sans se poser la question de l'intérêt de l'adolescent, comme pour une balade en forêt le dimanche. "La contrainte marche rarement", estime-t-elle. "Qu'est-ce qu'on fait en forêt ? Pourquoi l'enfant ne veut-il pas partager du temps avec ses parents ? On a besoin d'accepter cela, car l'ado s'autonomise. On peut inventer des nouvelles façons d'être ensemble et aller chercher un intérêt qu'il peut avoir là-dedans."