À la base de cette enquête, une (simple) escroquerie d'agences bancaires en Bretagne. Deux ans et demi plus tard, les trois gendarmes ont mis au jour un réseau de blanchiment d'argent qui s'appuyait sur des escroqueries diverses ayant brassé plus de 400 millions d'euros en six ans à travers des milliers de sociétés bidons, raconte Le Télégramme lundi.
Un véritable système bancaire. À eux trois, ils ont démantelé un réseau tentaculaire qui les a menés jusqu'en Slovaquie. Un spécialiste issu de la division économique et financière (DEFI) de la section de recherches (SR) de Rennes, et deux collègues détachés d'unités du Finistère et d'Ille-et-Vilaine ont commencé leur enquête avec des escroqueries d'agences bancaires à Rennes, en Ille-et-Vilaine. Pour remonter le plus loin possible, ils ont suivi la piste de l'argent. Ils ont alors découvert un noyau dur de cinq personnes gérant l'une des succursales d'une "banque du crime" dans la ville bretonne.
De la France à la Slovaquie puis à la France. Une piste les mène ensuite en Slovaquie où les autorités leur ouvrent toutes les portes. Ils y découvrent d'importants flux d'argent : 40 millions d'euros ont transité par la Slovaquie en un an. Une "banque" alimentée par quelque 25 sociétés factices toutes immatriculées en France. L'enquête des gendarmes bretons ne fait alors que commencer, retour en France.
Un réseau très organisé. À partir de cette découverte, les enquêteurs remontent la piste de ces sociétés qui les amène à identifier des gestionnaires factices puis quelques dizaines, quelques centaines et enfin des milliers de sociétés-écrans dont chacun a sa spécialité. Par exemple, les termes de "web" ou de "pub" dans la déclaration de l'entreprise correspondent à des escroqueries liées à Internet, "école" ou "formation" renvoient à des fraudes à la formation professionnelle...
Des clients aux motivations variées. Les clients de ces sociétés bidons ont des profils très diversifiés. Du patron qui veut blanchir de l'argent pour payer ses salariés au noir au salarié qui fait sortir de grosses sommes de son entreprise via de faux achats, en passant par le patron qui veut offrir un bijou à son épouse.
Autre activité de ce réseau, les compensations entre groupes criminels à la manière d'un bureau de change pour éviter les transferts physiques d'argent. "Des équipes comme celles-ci sont en place dans les grandes villes de l'Hexagone", assure une source proche de l'enquête. "Nous pensons qu'il en existe des dizaines, et aussi dans tous les pays de l'Union européenne."