Trois lynx de Slovaquie ont été lâchés samedi dans une forêt du Palatinat, dans le sud-ouest de l'Allemagne, dans le cadre d'un projet franco-allemand qui vise également à repeupler en lynx les Vosges du nord, du côté français de la frontière.
Deux femelles et un mâle. Dans cette vaste forêt peu fragmentée, offrant un environnement très favorable au grand félin, d'autres lâchers vont se dérouler au cours des prochaines années, pour introduire en tout 20 individus en cinq ans. Luna, Kaja et Lucky, les trois lynx lâchés samedi, se sont rapidement enfoncés dans la forêt. Ces deux femelles et un mâle, des orphelins de 5, 3 et un an, ont été recueillis dans les Carpates slovaques. Ils ont parcouru les quelque 1.100 km les séparant du Palatinat en camion climatisé, jusqu'au lieu du lâcher, situé à environ 40 km à vol d'oiseau de la frontière française.
Deuxième réintroduction. Les Carpates "comptent la seule population de lynx d'Europe qui n'a jamais été éteinte. Du point de vue génétique, c'est une très bonne population", explique Jochen Krebühl, de la Fondation pour la nature et l'environnement de Rhénanie-Palatinat. Cette fondation porte le projet de réintroduction en partenariat avec le parc naturel régional des Vosges du Nord. Le lynx a disparu du Palatinat au XIXe siècle. Une réintroduction "sauvage" menée dans les années 1990 a échoué: le dernier indice de présence d'un lynx dans la région a été observé en l'an 2000.
Soutien des chasseurs allemands. En France, les lâchers de lynx dans les Vosges des années 1980-1990 se sont également soldés par un échec: aujourd'hui, le massif n'abrite plus de lynx, la seule population que compte la France se trouvant dans le massif du Jura, une zone qu'elle a colonisée à partir de la Suisse. Pour le projet de réintroduction dans le Palatinat, "un travail extraordinaire a été fait avec les chasseurs côté allemand, qui soutiennent officiellement le projet", explique Christelle Scheid, chargée de l'information côté français, alors que l'hostilité des chasseurs français est souvent citée parmi les causes de l'échec de la réintroduction dans les Vosges.