L’oursonne Sorita a donné naissance à trois petits récemment. Une vidéo a capturé récemment l’image de ces trois oursons, nés dans le Béarn. Une première pour les Pyrénées-Atlantiques depuis 2004, et même une première pour une portée de cette importance depuis les années 1970, alors qu’on célèbre les 25 ans de la première introduction de l’animal dans le territoire. "C’est une très bonne nouvelle", se félicite mardi sur Europe 1 Alain Reynes, directeur de l’association "Pays de l’ours-Adet". Mais il prévient, aussi : "La population n’est pas encore viable, malheureusement".
"Pour que la population soit viable, il faudrait qu'il y ait une cinquantaine d'individus reproducteurs adultes qui participent à la reproduction et avec une bonne diversité génétique", explique Alain Reynes. "Or, on n’a pas les 50 individus reproducteurs et on n'a pas non plus la diversité génétique parce que tous proviennent d'un petit nombre d'ours lâchés depuis 25ans, et qui se reproduisent entre eux, avec cette consanguinité qui va augmenter et qui risque de poser des problèmes."
"La mortalité est de l'ordre de 25-30%"
Et puis si trois oursons sont nés, rien n’indique qu’ils atteignent la taille adulte. "Les oursons sont tout petits : à la naissance ils font 300 grammes, 10 fois moins qu'un bébé. Maintenant, ce sont des animaux qui font 4-5 kilos, mais ça reste tout petit pour se débrouiller dans la montagne. Avec leur mère, certes, mais la mortalité est de l'ordre de 25-30%", détaille Alain Reynes. "Les causes de mortalité, ce sont toutes les mauvaises raisons qu'on peut avoir de mourir dans un milieu naturel et a fortiori dans la montagne qui est un milieu risqué. C’est donc : faim, froid maladie, prédation, accident… Toutes ces choses qui peuvent impacter des animaux encore très fragiles."
Reste, aussi, à convaincre ceux qui sont opposés à la présence même de l’ours dans les Pyrénées. "Il y a des personnes pour qui un ours, c'est déjà trop. Donc effectivement, ceux qui sont opposés à leur présence le seront toujours", regrette Alain Reynes. "Il y a des enjeux économiques. Il y a aussi des enjeux environnementaux. Je pense que maintenant, on est à une période où on prend conscience de l'importance et de la valeur de la biodiversité et de l'environnement de manière générale. Il faut faire des efforts, chacun, de manière à ce que la cohabitation se passe le mieux possible."