Trois pompiers, dont deux initialement mis en examen pour viol sur mineur soit une infraction passible des assises, ont été finalement renvoyés devant le tribunal correctionnel pour atteinte sexuelle sur une adolescente de 14 ans en 2009, a-t-on appris mardi auprès du parquet de Versailles.
A l'issue d'une longue instruction, le juge a requalifié les faits et ordonné un renvoi en correctionnelle, a indiqué le parquet, confirmant une information du Parisien. "Interloqué, scandalisé" par cette décision, l'avocat de la jeune femme a indiqué avoir d'ores et déjà fait appel de ce renvoi : "Un procès en correctionnelle pour une affaire de cette nature, c'est impossible", a déclaré Me Joseph Cohen-Sabban. A l'époque des faits, l'adolescente suit un traitement médicamenteux lourd à cause de fréquentes crises de spasmophilie et de tétanie. Son état de santé nécessite de nombreuses interventions des pompiers, plus de 130 entre 2008 et 2010. Selon son entourage, elle développe alors un véritable "culte des pompiers".
D'une "amitié sexuelle" à la dénonciation de rapports non consentis
Elle en contacte certains grâce aux réseaux sociaux et exprime "son souhait de rapports sexuels en des termes très crus", selon une source proche du dossier. En deux ans, elle multiplie les rapports avec environ vingt pompiers âgés d'une vingtaine d'années, pour la plupart en poste à la caserne de Bourg-la-Reine, dans les Hauts-de-Seine. Elle entretiendra une relation suivie avec l'un d'entre entre février et novembre 2009. Après avoir évoqué dans les premiers temps une "amitié sexuelle", l'adolescente évoluera peu à peu pour dénoncer des rapports non consentis. En cause, un après-midi chez ce pompier avec deux collègues, lors duquel elle dit avoir été contrainte de pratiquer des fellations à deux d'entre eux, pendant que le troisième la touchait.
Le parquet avait requis l'abandon des poursuites pour viol à l'automne 2018
Ce sont ces trois hommes qui ont finalement été renvoyés en correctionnelle. "Mon client maintient avoir eu une relation suivie avec la jeune femme" et donc qu'elle était consentante, a réagi mardi Me Daphné Pugliesi, avocate du principal suspect. A l'automne 2018, le parquet avait requis l'abandon des poursuites pour viol : le "défaut de consentement" de l'adolescente paraissait "insuffisamment caractérisé", avait estimé le parquet. L'instruction, ouverte en 2011, s'est également penchée sur les autres partenaires de la jeune fille. Certains pompiers la déclaraient "fichée comme nympho" et s'échangeaient son numéro de téléphone. Pour sa mère, ils ne pouvaient pourtant ignorer son état de santé mental et physique, très altéré par la prise de médicaments.