L'ancien reporter Nicolas Hénin a dénoncé lundi à la justice le "déferlement" de menaces et d'insultes qu'il a reçues après avoir signalé le compte Twitter du père d'une victime du Bataclan qui appelait à fusiller les djihadistes à leur retour en France, a annoncé son avocat.
Menaces de mort et harcèlement. Nicolas Hénin, qui fut l'otage de l'EI pendant dix mois en Syrie en 2013-2014, a adressé lundi au parquet de Paris une plainte contre X pour menaces, menaces de morts et harcèlement moral en ligne. "J'appelle à ce que vous vous fassiez égorger", "c'est lui qui mérite l'exécution", "on aurait dû te laisser crever chez Daesh" affirment certains des milliers de messages ciblant depuis une semaine le journaliste, désormais spécialisé dans le conseil sur la lutte contre le terrorisme et la radicalisation islamiste.
Il avait signalé des tweets illicites. Ces menaces sont apparues en représailles de son initiative du 30 janvier. Il avait appelé à signaler à Twitter et à la plateforme Pharos (chargée de la lutte contre les contenus illicites sur internet) des tweets publiés ce jour-là par le père d'une victime des attentats du 13-Novembre, Patrick Jardin, à propos du retour envisagé de plusieurs dizaines de djihadistes français détenus par les Kurdes. "Fusillons-les (...) comme Leclerc a fait fusiller les Français de la Waffen SS", "tuons aussi leurs enfants d'ailleurs", avait publié Patrick Jardin sur le réseau social, qui avait fini par bloquer son compte. Sur son nouveau compte, ce dernier avait ensuite traité Nicolas Hénin de "petit journaleux délateur gauchiasse" et obtenu des messages de soutien de plusieurs figures du Rassemblement national.
Une vague de 18.000 tweets. C'est "l'extrême virulence", "la dimension hors-norme de cette vague d'une abjection sans nom" qui l'a incité à porter plainte, a déclaré Nicolas Hénin. Selon lui, un prestataire a relevé 18.000 tweets le mentionnant, "dont une grande majorité de messages hostiles voire menaçants", y compris pour sa famille. "Je suis très remonté contre Twitter, j'ai fait des signalements et aucun n'a été accepté", a-t-il ajouté.
"Certains devront répondre de cette excitation de la meute". Pour son avocat, Me Eric Morain, ce sont les agissements d'une "communauté plus ou moins informelle et manipulée qui décide de fondre sur une victime". "Certains ne sont pas sous pseudonymat et devront répondre de cette excitation de la meute", a-t-il conclu. Pour des menaces de mort en ligne, un phénomène en expansion, trois hommes avaient été condamnés en juillet dernier à six mois de prison avec sursis pour le cyberharcèlement de la journaliste Nadia Daam.