Un livre à paraître jeudi rend hommage aux plus de 2.200 cheminots, en majorité des résistants, qui ont péri pendant la Deuxième guerre mondiale, victimes de la répression de l'Allemagne nazie et du régime de Vichy.
"Les cheminots victimes de la répression, 1940-1945" (éditions Perrin, 1.766 pages, 25 euros) est le fruit d'un travail de recherche de près de cinq ans, mené sous la direction de l'historien Thomas Fontaine. Cet ouvrage permet de découvrir, par ordre alphabétique, ces 2.229 - un chiffre pas forcément exhaustif - agents ou anciens employés de la SNCF, généralement inconnus, via des fiches biographiques parfois accompagnées de photos.
Ils ont oeuvré "dans toutes les sphères et les actions de la Résistance". Ces cheminots, souvent des militants communistes et des syndicalistes CGT, ont oeuvré "dans toutes les sphères et les actions de la Résistance", note Thomas Fontaine : depuis la distribution de tracts et de la presse clandestine jusqu'à la fourniture de renseignements et aux actes de sabotage. C'est le cas de Jean Lordey qui, à 36 ans, en 1943, rejoint le réseau Alliance, lié à l'Intelligence Service britannique avec pour seule ambition, comme il l'écrit à son épouse, garde-barrière à Autun (Saône-et-Loire), "de voir la France et les Français (redevenir) à nouveau libres". Arrêté lorsque son réseau est démantelé, emprisonné en Allemagne, il est exécuté par la Gestapo en novembre 1944 alors que les troupes alliées approchent.
"Ce livre est un mémorial", écrit en préface Guillaume Pépy, président de la SNCF, pour saluer ces femmes et ces hommes assassinés, fusillés, abattus, morts en prison ou en déportation, tombés souvent "pour leurs actes de résistance délibérée ou occasionnelle, isolée ou collective", autant de geste de refus de l'occupation allemande. D'autres ont également exécutés, victimes des représailles de 1941-1942 ou des massacres aveugles de 1944.