La présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, Muriel Salmona, a remis vendredi à Marlène Schiappa un manifeste comportant "huit mesures urgentes pour lutter contre l'impunité et mieux protéger les victimes de viols", a constaté l'AFP. L'association a été reçue dans le cadre du Tour de France de l'Égalité, lancé en octobre, et des "consultations préalables" à la mise en place d'une loi "contre les violences sexuelles", annoncée pour 2018 par la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes.
"Crime le moins rapporté". "Le viol reste le crime le moins rapporté aux autorités publiques et le moins condamné en tant que tel", écrit la psychiatre Muriel Salmona dans ce texte consulté par l'AFP. "Il faut se donner les moyens politiques et financiers pour déconstruire le déni, la loi du silence, la culture du viol et l'impunité". Chaque année, 62.000 femmes et 2.700 hommes sont victimes de viol ou tentative de viol, selon l'Ined (Institut national d'études démographiques). "Sur les 10% de viols qui feront l'objet d'une plainte, 1% seulement sera condamné en cour d'assises" et "quasiment aucun n'est un viol par pénétration digitale, par pénétration buccale ou commis par conjoint", est-il dit dans le manifeste. "Cette impunité participe à une société profondément injuste, inégalitaire, sexiste et patriarcale, et d'un grave problème de santé publique, ces crimes ayant un impact psychotraumatique majeur".
Huit grandes mesures. L'association formule huit grandes mesures, parmi lesquelles :
- refondre la formation des professionnels de santé, travailleurs sociaux et policiers, gendarmes et magistrats
- favoriser les dépôts de plainte en milieu hospitalier
- créer des "centres de crises" accessibles 24H/24 aux urgences des hôpitaux et dans les Unités médico-judiciaires
- créer des juridictions spécialisées avec des magistrats spécifiquement formés
- déterminer une présomption irréfragable d'absence de consentement pour les mineurs de 15 ans
- justifier les motivations des classements sans suite
- abroger la possibilité de déqualifier les viols en délits
- enfin, "changer les représentations des Français-e-s sur la réalité des violences sexuelles et de leurs conséquences passe par des campagnes répétées de sensibilisation et d'éducation dès le plus jeune âge".