Les enseignants français pâtissent d'un manque de formation continue comparé à leurs collègues d'autres pays : moins formés notamment dans la gestion de classe et les comportements perturbateurs des élèves, ils sont aussi plus nombreux à signaler des problèmes de discipline.
L'OCDE a interrogé 260.000 enseignants et chefs d'établissement dans 48 pays et économies participant à la grande enquête Talis réalisée tous les cinq ans auprès de cette population, et dont les premiers résultats sont publiés mercredi.
Seulement 66% des profs français - dans le primaire et le secondaire - disent avoir été formés, lors de leurs études ou pendant leur carrière, au contenu, à la pédagogie et à la mise en pratique de matières qu'ils enseignent, contre une moyenne de 79% pour l'ensemble des 31 pays ayant répondu à cette question précise. Seules l'Espagne, l'Italie et la République tchèque affichent des pourcentages inférieurs.
75% du temps en classe est consacré à l'enseignement
Ils sont aussi seulement 55% à déclarer avoir été formés, pendant leurs études, à la gestion des comportements des élèves, contre 72% pour leurs collègues des pays de l'OCDE. Et ils ne sont que 22% à se dire "bien préparés" dans ce domaine. Faut-il y voir un lien de cause à effet? Les profs français passent plus de temps au maintien de l'ordre dans leurs classes (17% contre 13% dans l'OCDE), et donc moins de temps à l'enseignement et à l'apprentissage (75% du temps de classe contre 78% en moyenne pour les profs des autres pays).
Et plus d'un tiers des enseignants français (35%) signalent des problèmes de discipline, contre 28% en moyenne dans les pays de l'OCDE ayant participé à l'étude. Le rapport souligne également les écarts de temps d'enseignement entre les collèges avec une forte concentration d'élèves de milieux socio-économiques défavorisés et les établissements les plus favorisés, en France : 7,5 jours sur une année scolaire une fois que l'on retranche de chaque heure de cours les minutes consacrées au retour au calme.
Un écart particulièrement marqué en France dû peut-être, selon l'OCDE, au fait d'envoyer dans les établissements les plus défavorisés les enseignants débutants. Or, sans surprise, les profs débutants sont moins nombreux que les profs expérimentés à se dire capables de contrôler les comportements perturbateurs en classe.