La Coordination nationale infirmière (CNI) a interpellé vendredi François Hollande sur le malaise de sa profession après les suicides de cinq "collègues" cet été. "Vous, président de la République, très occupé, vous n'avez peut-être pas encore été informé de l'été tragique que vient de vivre le monde de la santé", ironise la présidente du syndicat, Nathalie Depoire, dans une lettre ouverte reprenant l'anaphore du candidat Hollande.
"Après les suicides de nos collègues, le 13 juin à Toulouse, le 24 juin au Havre, le 30 juin à Saint-Calais, de nouveau le 23 juillet, l'une des cinq infirmières du service médical interprofessionnel de la région de Reims" s'est donné la mort "chez elle", comme une deuxième infirmière "de ce même service" trois semaines plus tard, rappelle Nathalie Depoire.
Un reflet de conditions de travail dégradées ? Tous confirmés, ces drames ont suscité une vive émotion parmi les représentants de la profession, dans la presse et sur les réseaux sociaux. Beaucoup, à l'instar de la CNI ou du SNPI (syndicat national des professionnels infirmiers), y ont vu le reflet de conditions de travail dégradées même si, pour l'heure, seul un suicide a été reconnu comme un accident du travail, un infirmier s'étant donné la mort au CHU de Toulouse où il exerçait.
"Plus de moyens financiers". Les soignants "souffrent de la pression imposée par les restructurations" liées notamment à des contraintes budgétaires, "et la course à l'acte induite par la tarification à l'activité", système de financement des hôpitaux instauré en 2005, s'indigne Nathalie Depoire, réclamant plus de "moyens financiers". Il est impératif d'arrêter les diminutions d'effectifs, (...) et de mettre en place une réelle prévention des risques psycho-sociaux dans les établissements de soins", réclame-t-elle.
De nouvelles mesures à l'automne.Jusqu'alors critiquée pour son absence de réaction publique face aux suicides d'infirmiers, la ministre de la Santé s'est dite "profondément attristée" par ces décès, tout en rappelant que des "investigations" étaient en cours, dans une interview publiée jeudi sur le site Espaceinfirmiers.fr. Il faut "à l'évidence amplifier les efforts" en matière de prévention des risques psycho-sociaux, une thématique "trop longtemps sous-estimée au sein des établissements", reconnaît-elle, selon le site. Elle promet ainsi pour l'automne "une série de nouvelles mesures, qui s'appuieront notamment sur les travaux actuellement menés par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas)".