Ils sont partis en famille en Syrie combattre avec le groupe Etat islamique : un couple et trois de leurs enfants sont jugés à huis clos et par défaut mardi et mercredi devant une cour d'assises des mineurs pour association de malfaiteurs à visée terroriste.
Le benjamin de la famille était mineur au moment des faits. C'est la première fois qu'un dossier terroriste est examiné par une cour d'assises des mineurs spécialement constituée de magistrats professionnels. Le procès se tient devant une juridiction pour mineurs car le benjamin de la famille avait moins de 18 ans à l'époque des faits. Il aura lieu en l'absence des accusés, probablement toujours en Syrie et qui sont sous le coup d'un mandat d'arrêt. Parmi ces accusés figurent le père de famille, 48 ans, son épouse, 45 ans, et trois de leurs cinq enfants, des garçons âgés de 18 ans à 24 ans. Leurs deux filles ne sont pas poursuivies dans cette procédure qui porte sur des faits compris entre janvier 2013 et avril 2016.
Vidéos de propagande. L'affaire débute en septembre 2013 lorsqu'un brigadier de police signale à la DCRI le départ de son frère et de sa famille vers la Syrie. Selon l'accusation, l'enquête a démontré que la famille s'était mise au service de l'EI et a participé activement aux exactions de ce groupe. Sur Facebook, le benjamin, alors âgé de 15 ans, est apparu en tenue paramilitaire, kalachnikov en bandoulière, vantant les attentats suicide de l'EI en Irak et au Sham (Syrie) et confirmant qu'il combattait pour lui. Dans une vidéo de propagande diffusée en février 2015, il se félicite de l'action des frères Kouachi contre les journalistes de Charlie Hebdo. Le frère cadet a lui posté des photos montrant un djihadiste avec des enfants puis tenant une tête décapitée accompagnées de cette légende : "ils sont doux avec les enfants et terribles avec les mécréants". Très menaçant, il appelait ses frères voulant travailler en France à passer à l'acte sur le territoire national en "loup solitaire".
Kalachnikovs et grenades. Les frères et soeurs du père de famille ont expliqué aux enquêteurs que ce dernier leur avait raconté qu'il s'entraînait dans un camp et que ses deux fils aînés prenaient part aux combats où ils avaient été blessés par des éclats d'obus. A son propre père, il a précisé : "Nous sommes avec les fusils, les kalachnikovs. Même ma femme et ma fille ont un pistolet et une grenade chacune. Nous sommes bien mais nous ne pouvons pas revenir (...) même si nous le voulions, on est comme des terroristes".