Une hôtesse d'accueil témoigne : "Un grand patron m'a touché le sein, mon agence n'a rien fait"

  • Copié
Elise Denjean, édité par

Une pétition a été lancée cet été pour dénoncer le sexisme qui touche les hôtesses d'accueil. Alice, à l'origine de l'initiative, témoigne sur Europe 1.

C’est le #MeToo de l’été. Des hôtesses d'accueil ont pris la parole pour dénoncer le sexisme qui touche la profession. Le mouvement avait été initié fin juillet, avec une pétition demandant la suppression des hôtesses de podium du Tour de France. Mais plus largement, des centaines de femmes dénoncent le sexisme dont elles sont victimes. L'une d'entre elles, Alice, a lancé l'initiative #PasTaPotiche sur les réseaux sociaux. Elle a également été à l'origine d'une pétition ("Dépotichons le métier d'hôtesse en événementiel"), qui a récolté plus de 25.000 signatures sur change.org. Elle témoigne sur Europe 1.

"J'en ai parlé à mon agence, mais ils n'ont rien fait"

Sur Twitter, de nombreuses hôtesses racontent leur quotidien, face à des hommes qui ne se gênent pas : "Je cherche un plan cul, vous êtes intéressée ?" ou encore "est-ce que je te gagne avec le jeu concours ?". Et bien souvent, c’est pire que de la drague lourde, par exemple quand Alice était hôtesse pour une soirée d’entreprise. "C'était un grand patron, il m'a touché le sein, il m'a pris les poignets et il m'a forcé à danser avec lui. C'était avant MeToo, j'avais 18 ans", témoigne la jeune femme. "J'en ai parlé à mon agence, mais ils n'ont rien fait. Ils m'ont même dit que cet homme-là s'en était pris à d'autres hôtesses. Ils m'ont envoyé au casse-pipe", s'indigne-t-elle.

"Chaque match de foot, c'est au moins un incident"

Le succès de #PasTaPotiche signifie-t-il que rien n'a changé depuis MeToo ? Si parce que, désormais, les hôtesses prennent la parole. En revanche, ce sont les comportements qui ne changent pas. “Chaque match de foot, c’est au moins un incident” raconte Maxim, qui a supervisé des hôtesses pendant 5 ans. "Je vais avoir tendance à mettre les hôtesses qui ne vont pas se laisser marcher dessus. Mais je peux aussi me tromper. Parfois je vais estimer qu'une personne a un caractère suffisamment trempé pour être envoyé au front, et au final je me rends compte que la personne se fait 'bouffer'. C'est rude, et on a peu de solutions", se désole-t-il.

Des solutions difficiles à trouver

Trouver des solutions est en effet très compliqué. Diversifier les profils de candidates, troquer la jupe contre le pantalon ou même embaucher des hôtes "au masculin" : tout cela est possible. Sauf que le client est roi. Et sur le Tour de France par exemple, pas sûr qu’il soit prêt à voir non pas une hôtesse, mais un homme remettre son bouquet au Maillot Jaune.