Plus d'un an après le choc "MeToo", et quelques semaines après la nouvelle déflagration "Ligue du LOL", l'égalité professionnelle et la lutte contre les violences conjugales sont vendredi au cœur des revendications de la 42ème Journée internationale de la lutte pour les droits des femmes.
Des rassemblements à partir de 15h40. Des milliers de personnes - femmes et hommes - sont invitées à manifester et/ou à débrayer partout en France à partir de 15h40, heure théorique à partir de laquelle les femmes travaillent "gratuitement", si l'on considère qu'elles sont payées en moyenne 26% de moins que les hommes.
À Paris (place de la République), mais aussi Toulouse, Lyon, Marseille ou de nombreuses autres villes, les manifestants se rassembleront à l'heure fatidique, munis d'un foulard violet. Ils seront rejoints par la marche des "jeunes pour le climat".
Un "index de l'égalité femmes-hommes" qui ne satisfait pas complètement. Depuis une semaine, les grandes entreprises ont commencé, conformément à une nouvelle loi, à publier leur "index de l'égalité femmes-hommes", une note sur 100 points visant à réduire les inégalités, et notamment les écarts de rémunération. Mais de nombreux militants se disent déçus par ce nouveau thermomètre, accompagné de pénalités financières. Sept organisations syndicales ont interpellé mardi le gouvernement et le patronat, estimant que, par son mode de calcul, cette note "masque une partie des écarts" de rémunérations.
La perception des inégalités de salaire diffère beaucoup selon le sexe
Les hommes pensent plus souvent que les inégalités se sont améliorées. Les Français et les Françaises ont des perceptions très différentes des inégalités de salaire : 56% des hommes, mais seulement 32% des femmes, pensent que ce problème s'est amélioré ces dernières années, selon un sondage* Elabe. Si les sondés sont 62% à penser que la situation des femmes s'est améliorée ces dernières années en ce qui concerne leur possibilité d'accéder à tous les métiers, ils ne sont que 44% à penser que les inégalités salariales se sont réduites (41% pensent au contraire que rien n'a changé dans ce domaine).
Plus de crèches et de formations pour les temps partiels. Pour remédier aux inégalités professionnelles entre hommes et femmes, 83% des Français estiment qu'il faudrait créer d'avantage de crèches inter-entreprises, une solution encore plus plébiscitée par les femmes (87%) que par les hommes (78%). Les personnes sondées approuvent également à 74% l'idée d'"accorder davantage de droits à formation pour les salariés à temps partiel" (qui sont en grande majorité des femmes), à 72% de "développer le télétravail" et à 69% de "sanctionner par des amendes équivalentes à 1% du chiffre d'affaires les entreprises avec des écarts de salaires", ce qui vient précisément d'entrer en vigueur pour les grandes entreprises.
*Sondage réalisé par Internet, les 5 et 6 mars, auprès d'un échantillon de 1.001 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas) pour Les Échos, l'Institut Montaigne et Radio Classique.
La lutte contre les violences faites aux femmes, autre grand combat. Au côté de l'égalité professionnelle, la lutte contre les violences faites aux femmes est l'autre grand thème de ce 8 mars. Pour 55% des Français, cette question doit être traitée en priorité, selon un récent sondage Kantar réalisé pour la "Fondation des femmes" - qui a par ailleurs lancé cette semaine une campagne d'appel aux dons, via un clip vidéo où 44 célébrités font résonner les témoignages de victimes.
Il est temps de mettre en lumière les femmes qui sont dans l'ombre. #MaintenantOnAgit, faites un don via https://t.co/NKYojkbPUs ou via @pumpkin_app ou @applydia au 0800 946 649 pic.twitter.com/oi419pMjGE
— Fondation des Femmes (@Fondationfemmes) 3 mars 2019
Tous les trois jours en France, une femme meurt sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Depuis le 1er janvier, le bilan atteint déjà 30 victimes, a déploré cette semaine la secrétaire d'État chargée de l'égalité des sexes, Marlène Schiappa. Une loi contre les violences sexuelles et sexistes permet la pénalisation des "outrages sexistes". Depuis son entrée en vigueur en août 2018, elle a donné lieu à 332 amendes.
"En finir avec les discriminations". Pour le Défenseur des droits Jacques Toubon, qui a mis en ligne sur son site un dossier spécial consacré au 8 mars, "il est temps d'en finir avec les discriminations faites aux femmes". L'an dernier, ses services ont apporté une réponse à "639 femmes qui s'estimaient discriminées en raison de leur sexe", ou parce qu'elles étaient mère, ou enceinte.
Un contexte de violences dans les médias. La mobilisation intervient quelques semaines après la révélation de l'affaire de la "Ligue du LOL", ces journalistes et communicants qui harcelaient sur Internet principalement des jeunes femmes. Ce dossier a déclenché des dénonciations en chaîne du sexisme encore souvent bien ancré dans les rédactions, et a débouché ces derniers jours sur le licenciement de quatre journalistes, à Libération et aux Inrocks. Les violences sexistes et sexuelles sont d'ailleurs "massives" dans les médias, selon une enquête publiée jeudi, menée en ligne auprès de 1.800 journalistes et étudiants en journalisme par les collectifs NousToutes, Prenons la Une et Paye Ton Journal.