Presque tous ont accepté, mais il n'y a aucun enthousiasme sur le visage des ouvriers à la sortie de l'usine. Plus de 90% des employés de l'usine Smart à Hambach, en Moselle, ont signé l'avenant au contrat de travail distribué par la direction, les faisant notamment passer à 39 heures, payées 37 heures, a annoncé Smart France mardi.
Des semaines de négociations. Un référendum interne, purement consultatif, avait été organisé sur le sujet en septembre dans cette usine, installée aux confins de l'Alsace, de la Lorraine et de l'Allemagne. Sur les quelque 800 votants, 56% s'étaient prononcés pour, avec d'énormes dissensions. En effet, ce chiffre montait à 74% pour les cadres, employés, techniciens et agents de maîtrise, alors que seuls 39% des ouvriers soutenaient la proposition. Quelques semaines plus tard, le pacte avait été mis en échec par la CGT et la CFDT. Avant, donc, que la direction ne sorte de son chapeau cette solution de l'avenant individuel.
"J'ai signé à contrecœur". "On a dû capituler", confie Sedat, qui travaille à la chaîne. En septembre, il était contre le retour aux 39 heures. Dépité, comme anesthésié après des semaines de négociations, l'ouvrier a finalement signé son avenant individuel mardi. "J'ai signé à contrecœur, après les menaces et les chantages qu'on a reçus. La menace, c'était de délocaliser. Vous savez comment c'est, les gens ont peur de perdre leur emploi, vu le contexte qu'il y a dans la région. A Florange, par exemple, c'est le cimetière", constate-t-il.
La direction fière "de la passion et du professionnalisme" de ses salariés. Dans un communiqué triomphant et au ton paternaliste, la direction fait part de son côté de sa "fierté devant le professionnalisme et la passion" de ses salariés, "base de l'esprit Smart". Sedat, lui, dit qu'il aurait voulu être mieux défendu par les syndicats. "Il aurait fallu bloquer l'usine, faire quelque chose. Pas juste se faire avoir", dit-il, résigné.
Concrètement, le retour aux 39 heures se déroulera en deux temps. Les salariés passeront d'abord aux 37 heures entre octobre et décembre prochain, puis à 39 heures entre 2016 à 2018, avec la possibilité de revenir à 37 heures en 2019. En contrepartie de cette augmentation du temps de travail, la direction propose une augmentation du salaire brut de 120 euros par mois et une prime de 1.000 euros pour chaque employé.