A partir de ce mardi, les pharmaciens pourront vacciner les patients contre la grippe, sous certaines conditions. Pour l'occasion, Gilles Bonnefond, président de l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine, était l'invité d'Europe 1.
La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière démarre ce mardi. Grand nouveauté cette année : les pharmaciens sont autorisés à vacciner les patients, sous certaines conditions. Invité d'Europe 1 ce mardi matin, Gilles Bonnefond, président de l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine, a détaillé le dispositif.
"Tous les pharmaciens qui sont habilités à vacciner ont fait une formation pour apprendre à vacciner et ont un local adapté pour accueillir les patients. Bien entendu, la vaccination se fait dans un local isolé de la pharmacie. Ces pharmacies ont une autorisation de l’Agence régionale de santé", a-t-il expliqué au micro d'Europe 1. D'après le pharmacien, "75% des pharmacies se sont formées".
"Nous sommes en train de reconquérir la vaccination en France"
Quatre régions - l'Auvergne-Rhône Alpes, la Nouvelle Aquitaine, les Hauts-de-France et l'Occitanie - ont déjà expérimenté le dispositif pendant deux ans. Le bilan "est très positif" selon Gilles Bonnefond. "Les patients sont très satisfaits puisqu'on leur simplifie le parcours de soin, ils viennent à la pharmacie et ils ont le vaccin puis l'injection. Dix minutes après ils sont sortis. Bien sûr, nous ne vaccinons pas les patients qui ont une infirmière qui vient à domicile tous les jours, ni les patients qui souhaitent le faire chez le docteur. Nous sommes en complément des infirmiers et des médecins. Le bilan a donc été positif à la fois sur la satisfaction des patients mais également sur l’augmentation du nombre de patients vaccinés, puisque que nous avons délivré dans ces régions expérimentales plus de 10% de vaccins en deux ans. Nous sommes en train de reconquérir la vaccination en France".
Les pharmaciens n'ont toutefois pas le droit de vacciner tous les adultes. "Aujourd’hui, on est limités aux patients qui ont reçus un bon de prise en charge venant de l’ assurance maladie, soit les personnes âgées de plus de 65 ans, les personnes qui ont une maladie qui peut être aggravée en cas de grippe, les femmes enceintes, les personnes obèses et celles qui ont dans leur entourage un enfant à risque", a précisé le pharmacien. Gilles Bonnefond souhaiterait aller plus loin : "J'espère que l'année prochaine, si nous ne sommes pas en rupture de stock de vaccins, nous pourrons étendre la vaccination à toutes les personnes adultes qui le souhaitent, puisque cela ne concerne que les adultes".
"Nous avons demandé aux industriels d'augmenter le nombre de vaccins"
En cas de généralisation du vaccin contre la grippe, le virus ne risque-t-il pas de devenir plus coriace ? "Non, car les souches du vaccin sont renouvelées tous les ans, il se refait chaque année donc il n'y a pas de problèmes", a-t-il assuré. Il s'est d'ailleurs dit "choqué" par la résurgence de certaines maladies en France, comme la rougeole : "Je suis choqué de voir cette maladie revenir en France parce que les personnes ne se vaccinent pas assez. En France et dans les pays développés, on a la chance d'avoir des vaccins disponibles pris en charge par l'assurance maladie. Quand je vois les difficultés qu'ont les pays en développement pour se vacciner, avec des pathologies qui font beaucoup de dégâts, je trouve que nous devrions être plus raisonnables".
Cette généralisation de la vaccination sous-entend toutefois qu'il n'y ait pas de pénuries comme cela fut le cas l'année dernière à la mi-décembre. "Il n'y avait pas de pénuries complètes, certaines pharmacies étaient en rupture mais pas toutes", a-t-il objecté. "Nous avons demandé aux industriels d'augmenter le nombre de vaccins disponibles en France en vue de la possibilité pour les pharmaciens de vacciner. Cela va nous permettre de faire un bilan et de voir si l'année prochaine, nous pouvons élargir la possibilité de se faire vacciner à la pharmacie à toute la population adulte".