L’archevêque du diocèse de Lyon est visé par une enquête préliminaire du parquet de Lyon ouverte vendredi pour "non-dénonciation de crime" et "mise en danger de la vie d’autrui". C’est une association d'aide aux victimes d’actes pédophiles qui a porté plainte. "La parole libérée" reproche au diocèse de ne pas avoir dénoncé à la justice l'un de ses prêtres pour des faits d'attouchements et de viols. Le père Bernard Preynat avait en charge un groupe de scouts près de Lyon dans les années 70 jusqu'au début des années 90. Europe 1 a rencontré l’une de ses victimes.
"Peur de l'Eglise". Pierre-Emmanuel Germain-Thill aura attendu d’avoir 36 ans pour porter plainte. En 1988, il a intégré les scouts du groupe Saint-Luc, une organisation indépendante non affiliée aux scouts de France et d’Europe. Bernard Preynat, le prêtre qui s’en occupe, fait l’admiration de tous pour ses talents d’organisation et ses camps dans lesquels règne une discipline militaire. Alors qu’il a huit ans, le petit garçon qu’il était est victime de ses attouchements. A l’époque, des rumeurs circulent déjà, mais le prêtre n’est pas inquiété.
"Beaucoup de gens étaient dans la peur de l’Eglise : comment porter plainte contre l’Eglise ?", analyse le trentenaire. "Ce prêtre dégageait une telle aura lors de ses sermons… Quand les enfants allaient le dire à leurs parents 'Le curé m’a embrassé' - ce qui a été mon cas avec ma mère - personne ne vous croit."
" On a couvert cette personne pendant toutes ces années "
Une omerta ? Aujourd’hui, il est sorti de l’anonymat, pour inciter d’autres victimes à parler. Pierre-Emmanuel Germain-Thill veut surtout dénoncer l’omerta dans l’Eglise, car il est persuadé que le diocèse de Lyon a voulu étouffer l’affaire. "En 1991, on le met de côté, malgré un courrier de parents qui menace de porter plainte. Il a été mis de côté pendant six mois par sa hiérarchie, avant d’être réintronisé dans une autre Eglise. Ça veut dire que les gens le savent et qu’on a couvert cette personne pendant toutes ces années", explique le jeune homme.
L’association ne comprend pas comment ce prêtre a pu rester en poste et au contact d’enfants jusqu’en 2015. Dans un communiqué, Mgr Barbarin a affirmé qu’il n’avait couvert aucun fait de pédophilie.