L'association de défense des migrants Roya Citoyenne a diffusé jeudi des images d'un contrôle de police en gare de Menton (Alpes-Maritimes) pour dénoncer le non-respect "systématique" des procédures à l'encontre des migrants à la frontière franco-italienne, renvoyés de façon expéditive en Italie sans billet de train.
Des migrants refoulés à Menton. Sur cette vidéo tournée le 30 juin en caméra cachée, deux jeunes filles africaines, mineures et ayant de la famille en Allemagne selon une traductrice bénévole, sont refoulées au lieu d'être prises en charge, comme le prévoit la loi, de même qu'un couple de jeunes Tchadiens. Au début du contrôle, ce couple entend un policier expliquer : "On ne va pas vous emmener, on va simplement faire un papier qu'on va vous donner et vous allez repartir en Italie". Ils sont ensuite conduits au premier étage de la gare de Menton Garavan, puis remis dans le train vers l'Italie.
"Ce n'est pas un cas isolé mais un cas parmi tant d'autres et systématique", explique dans la vidéo le militant Cédric Herrou, qui recueille de nombreux migrants chez lui à Breil-sur-Roya depuis des mois, ce qui lui vaut des poursuites judiciaires.
Des lieux de privation de liberté non déclarés. La vidéo met en évidence selon l'association "la complicité de la SNCF" qui tolère le renvoi sans billet de train des migrants alors qu'elle exige d'eux un billet pour aller à Nice demander l'asile. La CGT Cheminots s'était déjà plainte en juin que les migrants soient renvoyés sans billet en Italie. Elle atteste également, toujours selon l'association, d'une "atteinte manifeste aux droits des mineurs" et de l'existence d'une "zone de privation de liberté non déclarée".
Des contrôles renforcés aux frontières. Depuis fin 2015, la frontière franco-italienne a été fermée et les contrôles y ont été renforcés pour lutter contre le terrorisme. Dans la pratique, les barrages filtrants et contrôles des trains conduisent à renvoyer vers l'Italie les migrants qui passent ou tentent de passer malgré les dangers (plus d'un mort par mois depuis septembre). Il y a en moyenne 110 interpellations chaque jour. Interrogée par l'AFP, la préfecture des Alpes-Maritimes n'avait pas réagi dans l'immédiat.