Il veut redonner le goût des maths aux écoliers français. Chargé par le gouvernement d'un rapport sur la question de la baisse du niveau des élèves français, Cédric Villani, député LREM de l'Essonne et médaillé Fields en 2010, estime que "la vocation des professeurs de mathématiques est l'un de nos problèmes majeurs", a-t-il déclaré mardi, dans la matinale d'Europe 1.
Renforcer la formation. "Il ne faut pas croire que l'on pourra avoir un bon enseignement des mathématiques sans des enseignants motivés et bien formés", souligne-t-il. "Nous préconisons la refonte du système de formation des enseignants et en particulier des professeurs des écoles, parce que c'est en primaire qu'une bonne partie des choses se jouent", insiste-t-il. "Quand on compare notre système aux systèmes internationaux qui ont fait leur preuve, la première chose qui saute aux yeux, c'est qu'en terme de volume horaire de formation, il y a un rapport de un à cinq".
Développer la motivation. Pour l'ancien directeur de l'institut Poincaré, il est essentiel de redonner une motivation aux enseignants du primaire, des enseignants qui viennent en majorité de filières littéraires. "Ce qui ne veut pas dire que cela empêche d'enseigner avec plaisir les disciplines mathématiques aux élèves des écoles, mais cela demande un bon accompagnement et d'être encadré par le système", insiste-t-il. "Il est clair que les enseignants français ne sont pas bien payés. J'espère que l'on ira dans le futur vers une évolution appliquée à l'ensemble des enseignants, il est possible qu'il y ait besoin, comme l'ont fait les Anglais, de revaloriser spécifiquement le salaire des enseignants en mathématiques", soulève Cédric Villani. Mais "le budget n'est pas dans les contours d'une mission scientifique", nuance-t-il. "Ensuite nous repassons le bébé au ministre de l'Éducation nationale qui, hier, a bien été clair sur le fait que des moyens seraient mis en œuvre pour ce plan".
Une revalorisation institutionnelle du rôle de l'enseignant. "Mais il n'y a pas que l'argent qui est important, il y a aussi le fait de se sentir utile, respecté et désiré", explique encore l'élu. "On n'a pas assez fait comprendre à nos enseignants, en termes institutionnels, à quel point ils étaient importants et fondamentaux dans la relance de la nation. Au contraire, on les a trop souvent critiqués", déplore-t-il. Cédric Villani assure également que certaines des mesures préconisées dans son rapport peuvent être mises en place "très rapidement". Il évoque notamment des expérimentations en formation continue, mais aussi des recommandations en termes de matériel et d'expérimentation dans les classes pour mieux comprendre le sens du nombre et des opérations.
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Un enjeu social. Pour Cédric Villani, les mathématiques sont un enjeu de société ; l'automatisation des taches et la révolution numérique rendent indispensable le renforcement de leur enseignement, pour développer des vocations et pourvoir aux nouveaux besoins du marché du travail. "Il faudrait multiplier par trois les flux que l'on arrive à former de scientifiques", estime le député. "Les milieux d'entreprise et les milieux économiques nous disent : on manque d'informaticiens, on manque de mathématiciens, on manque d'algorithmiciens, on a besoin de beaucoup, beaucoup plus".