Contre toute attente, les médecins de Vincent Lambert, tétraplégique en état végétatif, ne se sont finalement pas prononcés jeudi sur l'arrêt des soins de leur patient. L'équipe médicale a invoqué implicitement des pressions extérieures les empêchant de se décider dans la "sérénité". La bataille judiciaire autour du cas de Vincent Lambert n'est pas encore terminée, alors que la famille du patient continue de se déchirer.
Un représentant légal souhaité par les médecins. L'équipe médicale aurait pu se contenter du feu vert de la justice européenne. Mais les médecins du CHU de Reims souhaitent obtenir une injonction de la justice avec la désignation d'un représentant légal, un interlocuteur unique pour décider ce qu'il faut faire.
Des menaces sur internet. "Les médecins du CHU vont demander au procureur de Reims de nommer un référent, qui ne peut être qu'extérieur à la famille au vu du contexte très conflictuel", selon le neveu François Lambert. En effet, le CHU de Reims a expliqué que "les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires à la poursuite" de la procédure collégiale engagée pour décider du sort de Vincent Lambert, "ne sont pas réunies". L'équipe médicale évoque implicitement des menaces et des pressions. Sur internet, des sites avaient relayé des appels à l'enlèvement et la séquestration des médecins ou de Vincent Lambert lui-même.
Une couverture juridique pour les médecins. La désignation d'un interlocuteur unique permettrait surtout aux médecins de se couvrir juridiquement et d'être à l'abri d'éventuelles poursuites. La demande des médecins doit passer par le procureur de Reims, qui est en congé jusqu'à la mi-août, selon nos informations. Le dossier sera ensuite transmis à un juge des tutelles. C'est lui qui choisira le représentant légal qui aura toute légitimité pour décider du sort de Vincent Lambert.
Un casse-tête pour le magistrat. D'ordinaire, quand un homme est dans le coma et qu'il faut prendre une décision importante, une opération chirurgicale par exemple, on désigne son épouse, car elle est censée être la mieux placée pour protéger les intérêts et la vie de son mari. Or, dans le cas présent, l'épouse réclame l'arrêt des soins et donc la mort de Vincent Lambert.
Dans "l'incompréhension totale", Rachel Lambert semblait résignée jeudi. "Je pensais que Vincent allait enfin être respecté, ce n'est pas le cas et je ne sais même pas si je peux encore avoir l'espoir qu'il soit un jour entendu", avait réagi l'épouse. Le juge des tutelles chargé de désigner un interlocuteur unique aura donc un véritable casse-tête face à lui et une très lourde pression. En outre, ce magistrat devra également valider la décision du représentant légal.