Les avocats des parents de Vincent Lambert, tétraplégique en état végétatif devenu le symbole du débat sur la fin de vie en France, ont annoncé avoir saisi lundi le Défenseur des droits après l'annonce à la famille de l'interruption des soins à partir du 20 mai. Les avocats Me Jean Paillot et Me Jérôme Triomphe attendent qu'il intervienne pour faire appliquer les mesures provisoires demandées par le Comité international des droits des personnes handicapées de l'ONU (CIDPH), enjoignant la France de suspendre toute décision d'arrêt des soins de Vincent Lambert avant une instruction sur le fond.
Une longue bataille judiciaire
Le médecin traitant de Vincent Lambert a annoncé vendredi à la famille l'interruption des traitements de cet ancien infirmier psychiatrique en état végétatif au CHU de Reims à partir du 20 mai. Le 24 avril, le Conseil d'Etat avait jugé conforme à la loi la décision collégiale d'arrêt des soins, prise le 9 avril 2018 par le CHU de Reims pour faire cesser un "acharnement thérapeutique" mais contestée par une partie de la famille. Suite à cette décision, les parents de Vincent Lambert, catholiques farouchement opposés à l'euthanasie passive, ont déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et le Comité international de protection des droits des personnes handicapées de l'ONU (CIDPH).
La CEDH a rejeté cette requête, mais le CIDPH a demandé à la France de suspendre toute décision d'arrêt des soins, dans l'attente d'une instruction sur le fond. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a indiqué que la France répondrait à la demande du comité, mais qu'elle n'était pas tenue, légalement, de la respecter. "Il n'y a aucune urgence médicale à arrêter l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert et rien ne justifie une violation aussi éhontée du droit international et des mesures provisoires réclamées par l'ONU", avaient réagi les avocats des parents.