C'est un écœurant parfum de clichés qu'on pensait oubliés. Un sondage, publié mercredi, révèle que près d'un tiers (30,7%) des 18-24 ans assurent que "les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées lors d'une relation sexuelle". Pour combattre ces idées reçues, une campagne de sensibilisation, intitulée "Mémoires", va être lancée samedi à la radio.
Quand les clichés forcent au silence. Trois femmes, victimes de viol, y livrent leur douloureux témoignage. Comme Mathilde, la soixantaine, qui s'est tue pendant des années par crainte des "commérages". "Le frère de mon amie Louise avait insisté pour nous accompagner au bal. Je sentais que je lui plaisais. Une fois rentrés, quand toute la maison dormait, il s'est glissé dans mon lit et il m'a violé", raconte-t-elle, la voix chevrotante. "Se taire 40 ans... Aucune femme ne mérite ça".
L'objectif de cette campagne est donc, aussi, d'inciter les femmes victimes de viol à parler. La plupart d'entre elles ont toujours du mal à admettre qu'elles ont subi une violence sexuelle. C'est ce qui pourrait expliquer qu'un femme sur dix ne porte pas plainte après un viol.
"Permettre la libération de la parole". Ce silence pesant peut avoir de graves conséquences sur la santé des victimes. "C'est très important de casser ces stéréotypes pour permettre la libération de la parole pour qu'enfin, les crimes de viols soient punis", souligne le docteur Gilles Lazimi, coordinateur de la campagne. A ces femmes, "il faut leur dire une chose : 'Je vous crois, il n'a pas le droit, c'est la loi'".
Un numéro national d'écoute et d'informations existe. Vous pouvez contacter Viol Femmes Information au 0 800 05 95 95. Numéro d’appel gratuit, accessible du lundi au vendredi de 10h à 19h.