"On ne peut pas tolérer ces situations-là !", a réagi Yves Lefebvre, patron du syndicat Unité SGP, au micro d'Europe 1, en réaction à l'enquête publiée lundi par StreetPress. Celle-ci met en cause des policiers qui auraient tenu des propos racistes et exercé de mauvais traitements sur des personnes détenues au dépôt du Tribunal de Paris en attente de leur procès. Ces dérives avaient été dénoncées par un brigadier chef, lui-même choqué du comportement de certains de ses collègues.
Six dossiers transmis pour sanctions
Insultes racistes, privation de soins, d'eau, de nourriture, vols... Selon le policier qui a dénoncé les faits, une poignée de ses collègues avaient instauré un système de maltraitance et d'humiliations contre les détenus étrangers, notamment noirs et maghrébins. Des comportements que certains d'entre eux dénonçaient lors de l'audience, sans jamais être crus par les juges, raconte Me Safya Akorri, avocate. "Ils vous disent 'ils m'insultent, me parlent mal'", raconte-t-elle, évoquant plusieurs de ses clients. "Ce qui est dérangeant, c'est de savoir que ça se passe sous les pieds des magistrats, dans l'enceinte judiciaire", poursuit-elle.
Depuis, l'IGPN a mené une enquête. Au total, six dossiers ont été transmis pour sanctions. Celles à l'encontre de cinq policiers - allant du blâme à l'avertissement - sont en train d'être notifiées. Le sixième policier fera, lui, l'objet d'un conseil de discipline en septembre, qui pourra aller jusqu'à la révocation.
"Ils se retrouvent dans un rôle de maton"
"Il doit y avoir sanction !", insiste le patron du syndicat de police Unité SGP. Si, selon lui, rien ne peut excuser de tels actes, Yves Lefebvre estime que le contexte dans lequel se trouvent les jeunes policiers peut en partie expliquer de tels abus. "Quand ils sortent d'école de police, les policiers veulent faire de la voie publique", explique-t-il, évoquant une frustration. "Là, ils se retrouvent dans un rôle de maton, ce qui n'est pas un boulot de flic", poursuit-il.
"Le plus grand enseignement à tirer", ajoute Yves Lefebvre, "c'est de remédier à cet emploi au quotidien de ces agents dont on a besoin au quotidien sur la voie publique", achève-t-il, estimant important de créer un corps intermédiaire.