Dans une interview sur LCI, la ministre de la Justice a annoncé la mise en oeuvre prochaine du bracelet électronique tant pour les personnes condamnées que pour les auteurs présumés de violences conjugales.
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a annoncé lundi vouloir "généraliser" le bracelet électronique dans la lutte contre les violences conjugales, un dispositif qui a fait ses preuves en Espagne mais encore jamais testé en France, malgré son inscription dans la loi.
"Tout de suite passer à la généralisation"
La garde des Sceaux s'est dite, sur LCI, "totalement en faveur" de ce dispositif qu'elle souhaite mettre en oeuvre "le plus tôt possible". "Ce n'est pas une expérimentation que je veux, je vais tout de suite passer à la généralisation" dans la France entière, a-t-elle ajouté.
Ce "dispositif électronique de protection anti-rapprochement" (DEPAR), permet de maintenir à distance les ex-conjoints violents. Utilisé dans plusieurs pays européens dont l'Espagne, où les chiffres des meurtres de femmes ont baissé de manière significative depuis dix ans, il est prévu par la loi en France depuis février 2017. Mais il n'a encore jamais été testé, malgré les demandes répétées de la juridiction de Pontoise, dans le Val-d'Oise, pour une expérimentation.
"Pour que ce dispositif soit efficace, nous devons absolument modifier un petit peu la loi, parce qu'actuellement nous ne pouvons l'appliquer qu'à un certain nombre de personnes, celles qui ont été condamnées et c'est trop restreint", a expliqué Nicole Belloubet. "Puisque nous allons modifier la loi, je vais généraliser immédiatement ce dispositif", a-t-elle ajouté.
Avant même la condamnation
La chancellerie a donc décidé de modifier la mise en place de l'expérimentation DEPAR "en créant et généralisant un autre dispositif plus ambitieux", au champ d'application plus large, mais qui "va nécessiter des modifications législatives" qui seront engagées dans les prochaines semaines. Le nouveau dispositif est pensé pour "pouvoir être prononcé, au pénal, tant en post-sentenciel qu'en pré-sentenciel, y compris dans le cadre d'enquêtes préliminaires ou de flagrance, par un JLD (juge des libertés et de la détention)", a précisé le porte-parole du ministère Youssef Badr.
La volonté ministérielle est également de pouvoir étendre ce dispositif, dans un cadre civil, "aux mesures prononcées par les juges aux affaires familiales (JAF) dans les ordonnances de protection". "Afin de s'assurer du consentement de l'auteur présumé des violences, il sera créé en parallèle un délit de refus de se soumettre au port du dispositif anti-rapprochement, à l'image du délit de refus de se soumettre à des prélèvements biologiques", a précisé Youssef Badr.
En 2017, 130 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon. Et 70 autres ont été assassinées depuis le début de l'année, selon un décompte rendu public fin juin par le Collectif des proches et familles de victimes de féminicides. Chaque année, en France, près de 220.000 femmes subissent des violences de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.