De nouveaux débordements ont eu lieu jeudi soir en marge de "Nuit debout". Des témoins racontent à Europe 1 tandis que le mouvement condamne ces violences.
Le mouvement "Nuit debout" a de nouveau été confronté à des violences en marge de manifestations. Jeudi soir à Paris, près de 300 personnes ont quitté la Place de la République pour "sillonner les 10eme et 19eme arrondissements", selon le communiqué de la Préfecture. Des petits groupes de casseurs s'en sont pris à diverses installations. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a promis vendredi que les casseurs seraient "inlassablement interpellés". Mais que s'est-il exactement passé dans la capitale ? Deux témoins, qui ont filmé la scène sur le réseau social Périscope, racontent.
"Les forces de l'ordre étaient dépassées au bout de 40 minutes". Rémy Buisine est bien connu des manifestants et des médias. Il est l'un des "périscopeurs stars" du mouvement "Nuit debout". Chaque soir, ce community manager de 25 ans réunit des milliers d'internautes devant ses vidéos en direct. Jeudi soir, le jeune homme était présent Place de la République. "Un cortège s'est formé vers 22 heures. Deux directions étaient envisagées par les manifestants : Stalingrad ou l'Elysée", raconte-t-il à Europe 1. Selon lui, le cortège a immédiatement été bloqué par les policiers sur deux boulevards différents. Mais la troisième tentative sera la bonne, puisque les manifestants parviennent à se faufiler sur un autre boulevard.
"J'ai reçu des bouts de verre dans le visage". "Les forces de l'ordre étaient dépassées au bout de 40 minutes", poursuit Rémy. La suite, c'est Benoît qui la raconte. Cet étudiant de 23 ans relaye lui aussi les manifestations sur Periscope. Il voit plusieurs casseurs s'en prendre à un magasin Franprix et "voler des bouteilles et de la nourriture". D'après lui, un magasin de voiture de luxe a aussi été vandalisé. "Ils ont tagué une ou deux voitures", assure-t-il. Des abribus ou des Autolib' ont également été la cible de ces petits groupes de casseurs.
Le jeune homme reçoit des "bouts de verre dans le visage, dans l'œil". Mais, il tient aussi à souligner l'opposition des manifestants aux casseurs : "Les gens huaient ceux qui ont pillé le Franprix, il y a même un manifestant qui leur a demandé d'enlever leur cagoule pour qu'on voie leur visage".
"Ceux qui filment ne sont pas très appréciés". Car ces casseurs étaient tous cagoulés, selon nos deux témoins. "Ça avait l'air d'être des jeunes, dans la vingtaine", relève Rémy. "Les personnes qui filment, comme moi, ne sont pas très appréciées", explique-t-il. "Des personnes cagoulées m'ont menacé car je les filmais", abonde pour sa part Benoit.
Comment réagit "Nuit debout" ? Du côté de "Nuit debout", cette mauvaise publicité n'est pas très appréciée, réagit Léa. "Ça ne nous terrorise pas, car il y a des milliers de personnes pacifiques, mais oui, ça nous embête, c'est décrédibilisant". Le mouvement n'est pas dupe non plus : "On sait bien que l'on parlera plus dans les médias d'une Autolib' cassée que d'un super débat qui a eu lieu avant".
"Nuit debout" condamne ces violences mais dit "essayer de comprendre" : "Ce n'est pas juste de la bêtise et de méchanceté de la part de cette génération qui a envie de casser les murs et les institutions. Mais on ne va pas avancer en cassant les banques et les Franprix". Et puis, la Place de la République reste "une place publique", "on n'est pas là pour faire la loi". Le mouvement rappelle d'ailleurs qu'il ne dispose pas à proprement parler de service de sécurité mais un pôle "accueil et sérénité", qui permet de "repérer les tensions ou l'alcool qui circule". Néanmoins, "Nuit debout" promet de faire passer ce mot en Assemblée Générale : essayer de "créer le dialogue avec ceux qui zonent, boivent et attendent que ça se calme pour tout casser". Le dialogue s'annonce difficile.