Après les nouvelles révélations sur des agressions sexuelles qu’aurait commises l’abbé Pierre, faut-il faire disparaitre de l’espace public toutes références au célèbre homme d’Église ? Alors que la fondation éponyme annonce vouloir tout changer en son sein, à Esteville en Normandie, là où l’abbé Pierre a vécu et où il est enterré, la question se pose.
Le mémorial abbé Pierre a fermé et le maire de la commune a lui déjà entamé les démarches pour modifier le nom de l’école et retirer la fresque à l’effigie du prêtre. Pour le moment, impossible d'éviter le nom de l'abbé Pierre en lettres noires sur le crépi beige de l'établissement scolaire.
"Il ne peut pas sortir de sa tombe et parler"
Devant les portes, Caroline y dépose sa petite de quatre ans. Et malgré les révélations, elle ne souhaite pas voir le groupe scolaire de sa fille changer de nom. "Il ne faut pas oublier non plus tout le bien qu'il a fait... Parce qu'en attendant, il y a beaucoup de personnes qui ont été sauvées grâce à lui", estime-t-elle au micro d'Europe 1.
"Maintenant, qu'est-ce qu'on peut y faire ? Il est enterré, il est mort... Il ne peut pas sortir de sa tombe et parler. Et puis, se réveiller 50 ans après les faits, il fallait peut-être se réveiller avant", conclut la jeune mère de famille. Mais son discours est loin d'être partagé par le maire de la ville, Manuel Grente. Ce dernier veut convaincre le conseil municipal de rebaptiser l'école.
Un changement de 10.000 euros environ
"On ne peut pas dire non plus qu'il ne se passe rien. Comme tous les Français, j'ai été sidéré, je suis tombé de ma chaise. Et, à la lecture des nouveaux faits dévoilés, je ne vois pas comment on peut laisser les choses en l'état", estime-t-il. Avant d'ajouter : "En tout cas, je voterais pour (le changement de nom, ndlr). Mais on est neuf à voter, donc les neuf voix comptent. Et on va aussi en discuter avec le corps enseignant."
Et entre le changement de nom de l’école, la suppression de la fresque à l’effigie de l’abbé Pierre et des panneaux gravés à son nom, le maire estime à 10.000 euros le coût des travaux. Un budget conséquent pour cette commune de 500 habitants. Le vote devrait avoir lieu avant la fin du mois de novembre.