Le patron du patinage français, Didier Gailhaguet, a annoncé samedi sa démission de la présidence de la fédération française des sports de glace (FFSG), en plein scandale de violences sexuelles. "Dans un souci d'apaisement, j'ai pris avec philosophie, dignité, mais sans amertume, la sage décision de démissionner", a-t-il annoncé aux journalistes à la sortie d'un conseil fédéral extraordinaire à Paris, mettant fin à un long règne qui avait commencé en 1998, avec une parenthèse entre 2004 et 2007.
Didier Gailhaguet était arrivé au conseil résigné. Devant les 11 membres présents, il a lu le texte répété plus tard devant la presse. Incertains quant à la position de Didier Gailhaguet, plusieurs absents avaient pris le soin de donner procurations à ceux qui avaient fait le déplacement, au cas où il aurait fallu passer par une motion de censure. Mais le président de la fédération a préféré éviter le camouflet.
"Dictature ministérielle"
Dans la tourmente depuis une semaine, Didier Gailhaguet a encore eu samedi des mots durs envers la ministre des Sports, qui exigeait sa démission. Il a dénoncé "la dictature ministérielle et notamment la honteuse menace d'un retrait de l'agrément" de la fédération brandi par la ministre, et s'est désigné "victime sacrificielle", visé "avant de mener toute enquête". Depuis plus d'une semaine, le sport français vit une crise sans précédent, déclenchée par une vague de révélations de violences sexuelles. Plusieurs anciennes patineuses ont accusé trois entraîneurs d'avoir abusé d'elles entre la fin des années 1970 et le début des années 1990, quand elles étaient adolescentes.
Si l'enquête sur les viols et agressions sexuelles ne fait que commencer, il va maintenant falloir que la présidente du conseil fédéral Maryvonne del Torchio convoque de nouvelles élections. La fédération a désormais cinq semaines pour cela.
La ministre des Sports fustige depuis le début de semaine un "dysfonctionnement général" à la fédération. Elle avait pointé la responsabilité de Gailhaguet dans le retour dans le circuit du patinage de l'entraîneur Gilles Beyer, malgré une enquête administrative au début des années 2000, pour des attitudes inappropriées avec des patineuses, qui avait conduit le ministère à le sortir de ses rangs en 2001. Didier Gailhaguet, 66 ans, avait assuré n'avoir jamais protégé Gilles Beyer et avait tenté de contre-attaquer en mettant en cause le ministère.