Au sol, une marque noire rappelle qu'une voiture a récemment brûlé. Tirs de mortier et pétards ont retenti toutes la nuit. Depuis une soirée marquée samedi par des jets de projectiles sur les forces de l'ordre à la suite d'une intervention pour un rodéo, le quartier Croix-Rouge, à Tourcoing, est le théâtre de violences urbaines. Les policiers et la mairie, tenue jusqu'à l'été par Gérald Darmanin, expliquent ces tensions par la lutte contre le trafic de stupéfiants qui s'est intensifiée depuis quelques mois. Mais du côté des jeunes, le mot "bavure" est sur toutes les lèvres.
"C’est pas bien ce que fait la police"
"Samedi, un de nos amis était à moto, à l'arrêt. Un camion de CRS a fait exprès de le taper", décrit un habitant du quartier. "Il y a eu une bavure policière et ça n’a rien à voir avec les stupéfiants", renchérit un autre. Entre les jeunes et la police, la rupture est constatée des deux côtés. Confinements et couvre-feu n'ont rien arrangé. "C’est pas bien ce que fait la police. Ils nous voient bien, on ne fait rien de mal, on n’embête personne, mais ils viennent quand même et nous verbalisent. Ils nous parlent mal, ils nous insultent. On commence à en avoir ras-le-bol."
"De là à balancer des mortiers ?", réplique un ancien médiateur, respecté dans le quartier. "Vous empêchez tout le monde de dormir", sermonne-t-il. Pour le médiateur, les jeunes se sentent aujourd'hui "délaissés". "La mairie n’aide pas les quartiers, il n’y a plus rien pour les jeunes", soupire-t-il. Même le club de foot l’AS Virolois Croix Rouge, très populaire par le passé, n’existe plus depuis 6 ans.