Le procès de l'agression en mai 2016 à Paris d'une voiture de police, dont les images ont fait le tour du monde, a débuté mardi sous haute tension, la défense s'indignant de la salle d'audience étriquée. Il a finalement été reporté à mercredi, dans une autre salle.
Des centaines de militants devant la salle. Alors qu'à l'extérieur de la 14ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, une foule d'amis et sympathisants des prévenus s'agglutinaient, sifflaient et protestaient, criant "Liberté! Liberté!", à l'intérieur l'audience a été suspendue au bout de quelques minutes. Au nom de tous les avocats, Me Henri Leclerc a dénoncé "des conditions qui ne sont pas dignes de ce qu'est la justice" et affirmé : "La défense est maltraitée". Le président et ses deux assesseurs se sont alors retirés, avec les avocats. Des chaises supplémentaires ont été installées.
"Tout le monde déteste les petites salles", retentit maintenant devant la 14e #Voiturebruléepic.twitter.com/dUMBg04yrV
— David Perrotin (@davidperrotin) 19 septembre 2017
L'audience a ensuite repris avant une nouvelle suspension. "Une grande salle" ou "de la place pour tous ou pas de procès du tout", continuaient de scander les militants réunis à l'extérieur, selon notre reporter sur place. Le président a annoncé un report du premier jour d'audience à mercredi, dans une autre salle.
Des prévenus dissimulés par des parapluies. Dans ce dossier, deux prévenus comparaissent détenus, six sont sous contrôle judiciaire et un neuvième homme, résidant en Suisse, ne s'est pas présenté aux convocations de la justice. Mardi, les prévenus comparaissant libres ont fait leur entrée dissimulés par des parapluies, tandis que leurs amis et parents invectivaient les journalistes qui tentaient de les filmer et de les photographier.
Tous les prévenus sont poursuivis pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou de dégradations", délit passible d'un an de prison. Plusieurs sont aussi jugés pour des "violences aggravées sur policiers en réunion", punies de peines allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement.
Des images particulièrement violentes. Le 18 mai 2016, une voiture de police circulant quai de Valmy à Paris avait été attaquée par des participants à un rassemblement organisé pour protester contre une autre manifestation, de membres des forces de l'ordre celle-là. Sur un film ayant fait le tour du monde, on voit des assaillants vêtus de noir et le visage masqué donner des coups de pied au véhicule, défoncer des vitres et y jeter une fusée de détresse. La voiture s'embrase. L'un des deux policiers sort et contre à mains nues des coups de barre de fer. Ces scènes avaient suscité l'indignation des forces de l'ordre tandis que le Premier ministre Manuel Valls avait réclamé des "sanctions implacables".
Plusieurs groupes de gauche radicale et des intellectuels ont quant à eux vivement critiqués les ratés de l'enquête, reposant en partie sur le témoignage anonyme d'un policier des renseignements, et la longue détention provisoire de certains prévenus. Le procès est prévu jusqu'à vendredi.