"Sans l'ombre d'un doute", le tribunal correctionnel de Paris a condamné vendredi l'ancien policier Jonathan Guyot, 36 ans, à la peine maximale de 10 ans de prison pour le vol de 48,5 kg de cocaïne dans les scellés de la police , en juillet 2014.
L'ancien policier "effondré". Jonathan Guyot, 36 ans, qui a toujours nié son implication dans cette affaire retentissante, est "effondré", a déclaré à la presse son avocat Me Bertrand Burman. Il a précisé que son client s'interroge sur l'opportunité de faire appel car il ne souhaite pas refaire vivre à ses proches le "cauchemar" d'un nouveau procès. Le président Bruno Deblois a expliqué que le tribunal avait pris cette décision "grave" et "sévère", en raison de la qualité de policier de Jonathan Guyot, chargé justement de réprimer le trafic de stupéfiants.
La disparition de la cocaïne (près de 52 kg emballage compris) avait été découverte le 31 juillet 2014, lorsqu'un gradé avait voulu montrer à un lieutenant stagiaire à quoi ressemblait un pain de cocaïne. Mais la marchandise avait disparu et demeure aujourd'hui encore introuvable. Les "plantons" du prestigieux 36, quai des Orfèvres ont déclaré reconnaître Jonathan Guyot sur les images de vidéosurveillance. Images qui montraient un homme, casquette et chaud blouson dans la nuit du 24 au 25 juillet 2014, sortant avec de lourds sacs. Plusieurs membres de sa hiérarchie au sein de la PJ parisienne l'ont aussi reconnu.
Deux millions d'euros à la revente. Selon le parquet, l'ancien policier de la brigade des stups aurait fait sortir au moins en trois fois la totalité de la marchandise, qui avait été saisie le 4 juillet et était destinée à être détruite. Seul autre prévenu à avoir été jugé détenu, Farid Kharraki, 35 ans, a été condamné à cinq ans de prison. Pendant l'enquête, il n'avait reconnu que du trafic de cannabis avec Jonathan Guyot. Mais au deuxième jour du procès, il a fait sensation en prenant sans prévenir la parole pour clamer qu'il n'est pas un "indic" et affirmer que c'est bien Jonathan Guyot qui a "sorti" la cocaïne du "36". Marchandise estimée à deux millions d'euros à la revente.
Il avait, dit-il, touché 200.000 euros pour ce rôle d'"intermédiaire". Quant au destinataire de la cocaïne, il a refusé d'en dire plus, assurant en tout cas qu'il ne s'agissait pas de l'un de ses amis, sous le coup d'un mandat d'arrêt, qui a été condamné à trois ans de prison.
Plusieurs condamnations pour recel. "Affaire dans l'affaire", plusieurs proches de Jonathan Guyot, sollicités par lui pour cacher l'argent, se sont retrouvés devant le tribunal, et ont été condamnés notamment pour recel, et destruction de preuves pour ceux qui ont fait disparaître de l'argent. Jonathan Guyot leur avait assuré qu'il gardait ces sommes pour un informateur, qu'il a désigné comme étant Farid Kharraki, lequel a contesté.
L'épouse de Jonathan Guyot, deux amis d'enfance - dont l'un également policier - et son frère cadet ont été condamnés à six mois de prison avec sursis. La même peine a été prononcée contre un autre policier, poursuivi pour recel de cannabis détourné dans les scellés. Ancien voisin de cellule de Jonathan Guyot, "l'escroc des stars" Christophe Rocancourt a été condamné à une amende de 15.000 euros qui, si elle n'est pas intégralement payée, se transforme en emprisonnement.
Sous couvert de le faire fructifier alors qu'il voulait en réalité mettre la main dessus, il avait récupéré une petite partie de l'argent, dans des conditions rocambolesque via l'un de ses amis - condamné à 10.000 euros d'amende - avec le frère de Jonathan Guyot. Une partie de l'argent avait été cachée dans un buisson, l'autre a disparu dans les eaux du lac de Créteil.