Ils sont en colère contre Uber, mais pas seulement. Des chauffeurs VTC ont investi lundi matin la place de la Bastille, à Paris, afin de peser sur les tractations en cours entre le médiateur du gouvernement et les plateformes de réservation. Dès 7h30, une cinquantaine de berlines noires se sont garées devant l'Opéra Bastille, sans bloquer la circulation.
Interpeller les candidats. Après plusieurs actions de chauffeurs en décembre, notamment aux abords des aéroports parisiens, le gouvernement a nommé un médiateur, Jacques Rapoport, qui multiplie les rencontres avec les acteurs de la profession. Les conclusions de l'ancien président de SNCF Réseau sont attendues fin janvier. En décembre, "le but de la mobilisation c'était d'interpeller sur la paupérisation des chauffeurs, tout le monde a compris", explique Sayah Baaroun, secrétaire général de l'Unsa SCP-VTC. Désormais, il s'agit "d'interpeller les candidats à la présidentielle" sur "l'uberisation" du monde du travail, avec une question : "Qu'allez vous faire de cette économie?" qui crée des travailleurs pauvres, selon lui, faute de réglementation sur la protection sociale ou la rémunération.
Début de la manifestation place de la Bastille. Une @CFDT_VTC mobilisée pour défendre l'ensemble des VTC et LOTI. pic.twitter.com/Xn4gHjaWtL
— CFDT VTC (@CFDT_VTC) 16 janvier 2017
"Uberxit" possible. A l'origine du rassemblement, les organisations de chauffeurs Unsa-VTC, Actif-VTC, Capa-VTC et CFDT-VTC appellent par ailleurs les chauffeurs à se déconnecter "massivement" de l'application Uber, lundi, pour peser sur son chiffre d'affaires. "Soit Uber respecte la profession, soit ce sera 'Uberxit'", proclamait ainsi un tract de l'Unsa-VTC. Solution possible, celle d'une application collaborative lancée prochainement par l'association de chauffeurs AMT, pour court-circuiter Uber.
Chauffeurs "unis". Les manifestants reprochent au géant américain du secteur de les "humilier" par une pratique tarifaire trop faible et décidée sans concertation. En octobre 2015, Uber avait baissé de 20% le tarif des courses à Paris. En décembre 2016, il a légèrement augmenté ses tarifs en France, mais a relevé dans le même temps de 20 à 25% la commission prélevée à ses chauffeurs partenaires. "La balle est dans le camp des plateformes, c'est à eux de désamorcer la crise", a expliqué Yazid Sekhri de la CFDT. De leur côté, les chauffeurs sont là pour montrer qu'ils sont "toujours mobilisés" et "unis", dit-il.