Alors qu'elle fête ses 75 printemps cette année, Wonder Woman a été désignée par l'ONU ambassadrice de sa campagne internationale "pour l’égalité des sexes et l’émancipation de toutes les femmes et les filles". La célèbre héroïne de comics au lasso se retrouvera donc aux côtés de l'actrice britannique Emma Watson, fervente féministe. Mais avec sa poitrine proéminente et son mini-short rouge, Wonder Women l'est-elle vraiment elle aussi ?
Une demi-surprise. L'actrice Lynda Carter a un peu gâché le suspense en annonçant que le personnage qu'elle a incarné pour la télévision dans les années 70 serait la nouvelle ambassadrice de l'ONU pour défendre la cause des femmes. Mais on attend encore de belles surprises lors de la cérémonie officielle du 21 octobre, comme l'a promis le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon dans un communiqué.
Happy #75th#WonderWoman! https://t.co/zFdxDUtQSm
— Lynda Carter (@RealLyndaCarter) 3 octobre 2016
Si certaines militantes regrettent que l'égérie ne soit pas "une personne vivante", le personnage de Wonder Woman est néanmoins tout à fait légitime pour ce rôle.
Wonder Woman, un personnage féministe dès sa création. La plus puissante des Amazones a tout de suite eu une place particulière dans l'univers des comics. Apparue pour la première fois en 1942, Wonder Woman est considérée comme l’égale en puissance de Superman et de Batman pour l'intelligence. C'est d'ailleurs avec ces deux personnages de légende qu'elle créé la ligue des justiciers dont elle est la seule représentante féminine. Son créateur, le psychologue William Moulton Marston, avait expliqué avoir voulu créer un personnage qui reflète le changement de la place de la femme dans la société : dans les années 40 aux États-Unis, la femme sort du foyer pour assumer le travail des hommes partis faire la guerre.
Le communiqué de presse qui officialise la création du personnage était ainsi très clair : "Wonder Woman a été conçue par le Dr Marston dans le but de promouvoir au sein de la jeunesse un modèle de féminité forte, libre et courageuse, pour lutter contre l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes et pour inspirer aux jeunes filles la confiance en elles et la réussite dans les sports, les activités et les métiers monopolisés par les hommes."
Une icône pour les jeunes femmes. Un idéal poursuivi dans la série télévisée des années 70 qui met en scène une Wonder Woman plantureuse sous les traits de Lynda Carter. À cette époque, elle aurait représenté, pour beaucoup d'adolescentes, la seule femme puissante dans une Amérique machiste dans laquelle les féministes commençaient alors à s'exprimer. Cette femme, qui n'est ni la "fille de", ni la "femme de", comme peuvent l'être Loïs Lane, pour Superman, ou encore Mary-Jane, la petite-amie de Spiderman, tient à rester indépendante. Dans un épisode, Wonder Woman refuse même d'être l'une des conquêtes de Batman.
Dans son documentaire "Wonder Women ! The Untold Story of American Superheroines" (Wonder women ! L'histoire occultée des super-héroïnes américaines, en français), Kristy Guevara-Flanagan explique que ce personnage féminin a permis l'émancipation de la femme et l'émergence d'autres séries basées sur des personnages féminins. Xena la Guerrière ne serait-elle pas une héritière de Wonder Woman ?
Wonder Women, cette guerrière prête à défendre son pays. Bien que féminin, ce personnage n'est pas prêt à jouer le rôle de la jeune femme en détresse. Elle n'hésite pas à sortir ses poings (et son lasso) pour se défendre, au même titre que ses homologues masculins. Elle est d'ailleurs dotée d'une force surhumaine, de capacités de régénération hors du commun, d'un lasso hyper-puissant et d'un bracelet capable de résister aux balles. Des raisons pour lesquelles elle a été choisie par la reine des Amazones, Hippolyte (qui serait également sa mère, selon les versions), pour se rendre dans le monde des hommes.
À l'instar de ses collègues masculins, Wonder Women porte haut les couleurs de son pays : l'Amérique. Son premier costume était taillé dans le drapeau américain et comme elle a été créée pendant la seconde Guerre mondiale, ses ennemis ne sont autres que les Nazis. Contrairement aux femmes de l'époque qui étaient cantonnées aux rôles d'infirmières, de cantinières ou d'opératrices de télécommunication, Wonder Women affronte l'ennemi sur le même terrain que les hommes : le combat en face à face.
Une sexualité libérée. Selon l'un des dessinateurs de la mythique série, Wonder Woman aimerait aussi les femmes. L'héroïne est née sur une île uniquement peuplée de femmes et, à part son béguin pour Steve, le pilote dont elle tombe amoureuse et qui justifie son arrivée dans le monde des humains, on ne lui connaît aucune conquête masculine. Le dessinateur Greg Rucka, qui est revenu chez DC Comics pour la série Renaissance, a levé tout doute quant à sa sexualité : il a expliqué dans un entretien au site spécialisé Comicosity, que Wonder Woman était bisexuelle.
Un personnage qui reflète l'évolution de la place de la femme. Dès 1954, les éditeurs créent la Comics Code Authority, un organisme de censure qui bride le côté féministe de Wonder Woman. Diana Price connait donc le même sort que les femmes réelles qui sont cantonnées à leur foyer. Mais quinze ans plus tard, le vent a tourné et elle retrouve un nouveau souffle avec l'adaptation télévisée.
Et son histoire ne s'arrête pas là puisqu'elle fait une apparition dans le récent film Batman VS Superman. Un rôle de super-héroïne, interprété par Gal Gadot, qui lui vaut le titre de "grande gagnante" du film pour le magazine spécialisé Première.
Elle reviendra sur le devant de la scène en juin 2017 dans un film qui lui est entièrement consacré. Les spectateurs y découvriront le début de son histoire et son combat contre le régime nazi. "Ce que je fais ne dépends pas de vous", y affirme Wonder Woman à son pendant masculin. Tout un programme.