De nombreux enseignants étaient grévistes jeudi, entre 42% et 51% dans le secondaire et le primaire selon le ministère, environ 70% selon les syndicats. Ce vendredi, une partie a décidé de poursuivre le mouvement. L'école de Yann, directeur dans le 15e arrondissement de Paris, a ouvert "en mode dégradé". Ce dernier soutient néanmoins les grévistes, car, dit-il, "ce qui se passe est quand même incroyable".
Grève pour une retraite décente
"Moi quand je suis rentré dans l'Éducation nationale avec un bac +5, il y avait un engagement moral. On acceptait d'entrer dans l'Éducation nationale en étant moins bien payés que dans le privé, mais avec l'assurance de partir avec une pension de retraite décente. Là, on rebat les cartes et ce n'est plus du tout le cas."
Pour le directeur, les annonces du gouvernement sont terribles : "On vit un quotidien extrêmement difficile, on a une directrice d'école qui s'est suicidée sur son lieu de travail à cause de la charge de travail (Christine Renon, directrice d'école à Pantin, NDLR)... et un gouvernement qui nous annonce qu'on va partir avec une retraite légèrement au-dessus du minimum vieillesse à la fin de notre carrière."
"Il faut envoyer des messages positifs aux enseignants"
Si les deux problématiques ne sont pas directement liées, pour Yann, tout se rejoint car il s'agit avant tout de reconnaissance. "Il faut envoyer des messages positifs aux enseignants, leur dire que ce sont de bons professionnels, qu'on a de la chance de les avoir." Parmi ces messages, donc, la "possibilité de partir avec une retraite honnête".
Si l'intersyndicale vote une nouvelle journée de mobilisation le 10 décembre, la décision sera "une concertation d'équipe" dans l'école de Yann. Tout le monde ne peut pas forcément se mobiliser : pour un instituteur du primaire, un jour de grève représente 90 euros de manque à gagner.