Accident de Jules Bianchi : à qui la faute ?

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POLÉMIQUE - Des voix s'élèvent contre la gestion de la direction de course, dimanche, au Japon.

"C'est inconcevable qu'une voiture s'encastre sous une grue sur un circuit de Formule 1." Ce constat, c'est le champion du monde de rallye, Sébastien Ogier, qui le dresse. Et pourtant, c'est bien ce qui est arrivé, dimanche, lors du Grand Prix du Japon, lorsque la Marussia de Jules Bianchi est allée percuter le véhicule de levage occupé à enlever la Sauber accidentée d'Adrian Sutil, dans le virage 7 du circuit de Suzuka. "Tout le monde parle de l'accident en termes de fatalité", s'est étonné Alain Prost sur Canal+. "Mais, pour moi, ce n'est pas tout à fait la fatalité parce qu'il y a une vraie erreur. Ça me choque beaucoup parce que j'ai l'impression de revivre les années 1980 où une course sur deux ou trois, on avait ce genre de choses. Ça me rappelle de très mauvais souvenirs."

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Fallait-il neutraliser la course ? "Ce genre de choses", c'est une dépanneuse dans une zone du circuit, y compris les zones de dégagement. Dans les années 1980, la voiture de sécurité n'existait pas et les pilotes devaient faire avec le risque permanent d'une terrible collision en bord de piste. Dimanche, la direction de course avait la possibilité de faire appel à la voiture de sécurité pour permettre aux commissaires de piste de déloger la Sauber de Sutil en toute sécurité. Ce qu'elle n'a pas fait, se contentant, comme l'a expliqué la FIA dans son communiqué, d'un double drapeau jaune pour prévenir les pilotes d'un grand danger. L'endroit de l'intervention du véhicule de levage, à la sortie d'un virage rapide, et les conditions météo, exécrables, auraient pu pousser la direction de course à faire intervenir la voiture de sécurité, d'autant plus que la plupart des pilotes étaient alors équipés de pneus intermédiaires usés, augmentant ainsi le risque de sorties de piste.

"Je n'ai pas de mots pour ça. #ForzaJules"

Ou l'arrêter ? D'autres estiment que la course aurait même dû être définitivement arrêtée au moment de l'accident de Sutil, voire quelques tours avant. C'est le cas notamment du Brésilien Felipe Massa (Williams), qui partage le même agent que Jules Bianchi, Nicolas Todt. "J'étais déjà en train de hurler à la radio cinq tours avant qu'il y avait trop d'eau sur la piste mais ils ont pris trop de temps et c'était devenu dangereux." Dimanche, la course, longtemps menacée par l'approche du typhon Phanphone, a d'abord été placée pendant dix tours sous le régime de la voiture de sécurité, en attendant que la piste soit davantage praticable. La direction de course a été prudente, alors que plusieurs pilotes, dont Lewis Hamilton, futur vainqueur, lui enjoignait de lancer la course. Elle s'est montrée beaucoup moins prudente en fin de course quand la pluie s'est remise à tomber. Alors que la distance des 40 tours, nécessaire à la totale attribution des points, avait été couverte, elle aurait pu prendre la décision d'arrêter la course, dont les positions étaient bien établies.

Ou l'avancer ? En dehors de Massa, peu de voix se sont élevées contre les décisions de la direction de course. Victime de la sortie de piste précédant celle de Jules Bianchi, Adrian Sutil a en revanche insisté sur le fait que la course aurait pu être lancée plus tôt dans la journée de dimanche. "C'était évident que ça allait être davantage mouillée", a souligné le pilote Sauber. "Ça aurait été plus simple de faire débuter la course plus tôt. Mais cette décision n'était pas de mon ressort..." En raison de l'approche du typhon sur le Japon, les organisateurs du Grand Prix ont un temps penser avancer le départ de la course (15h00 au Japon, 8h00 en France) avant de se raviser.