Au soir de la révélation du contenu du rapport de l'agence antidopage américaine (Usada), qui l'accusait d'avoir eu recours à un dopage organisé durant sa carrière de cycliste, Lance Armstrong s'était contenté de commenter sur son compte Twitter : "qu'est-ce que je fais ce soir ? Je suis en famille, pas affecté du tout et je pense à ça", avec un lien dirigé vers le communiqué de presse du 15e anniversaire de sa fondation de lutte contre le cancer, Livestrong. Si Armstrong sera bien présent vendredi soir à Austin, au Texas, pour commémorer cet anniversaire, il ne le sera pas en sa qualité de président de l’association. En effet, l'ancien coureur américain a décidé de quitter ses fonctions.
Official statement: @lancearmstrong to Step Down as Chairman of @livestrongbit.ly/P9E17O— LIVESTRONG (@LIVESTRONG) October 17, 2012
"Cette organisation, sa mission et ces supporters sont très chers à mon cœur", indique "LA" dans un communiqué diffusé sur le site de sa fondation. "Mais aujourd'hui, pour épargner à la fondation les effets négatifs liés à la controverse entourant ma carrière cycliste, je mets fin à mes fonctions de président." Fin août, au lendemain de l'annonce par l'Usada de la radiation à vie d'Armstrong, Livestrong avait enregistré des records de don. Mais nombre de spécialistes se demandaient si le passé du coureur n'allait pas devenir un poids trop important pour la fondation.
Armstrong, le survivant du cancer
Armstrong avait créé sa fondation en 1997 après avoir vaincu un cancer des testicules. "Alors que le traitement de mon cancer touchait à sa fin, j'ai créé une fondation pour aider les personnes atteintes. Ça a été un grand privilège d'aider Livestrong à passer du rêve à une organisation qui, aujourd'hui, a aidé 2,5 millions de personnes et initié un changement de la façon dont le monde perçoit les survivants du cancer."
Armstrong, qui cède les rênes de son association au vice-président, Jeff Garvey, a néanmoins décidé de rester au comité directeur, qui compte 15 membres. "Ma famille et moi resterons des avocats actifs auprès des survivants du cancer et des militants", précise-t-il.
Le succès des bracelets jaunes
En 15 ans, la fondation Livestrong, qui annonce avoir levé 360 millions d'euros, est devenue l'une des œuvres de charité les plus connues et reconnues à travers les Etats-Unis. Car son combat contre le cancer, Armstrong l'a toujours mené avec force et minutie, s'appuyant notamment sur les réseaux sociaux pour populariser sa cause : vidéos, messagerie Twitter - avec 3.760.916 followers à date pour son compte personnel -, renvois vers des articles, ventes en ligne... Mais son vrai coup de force, "LA" l'avait réalisé en 2004 en lançant le fameux bracelet jaune vendu à 80 millions d'exemplaires, et porté aussi bien par des coureurs que par des stars ou des anonymes. Ce bracelet jaune marqua l'apogée de la collaboration entre Livestrong et l'équipementier Nike.
Comme un symbole, et quelques minutes seulement après l'officialisation du départ d'Armstrong de la tête de Livestrong, l'équipementier américain a annoncé la fin de sa collaboration avec l'ancien coureur, dont il fut la figure de proue dans le peloton. "En raison de preuves apparemment rédhibitoires sur le fait qu'il s'est dopé et a trompé Nike pendant plus de dix ans, c'est avec une grand tristesse que nous avons mis fin à notre contrat avec lui", indique l'équipementier dans un communiqué, précisant qu'il allait toutefois continuer à soutenir Livestrong. "(Nike) ne tolère en aucune manière l'utilisation de médicaments qui permettraient d'améliorer les performances de manière illégale."
Jeudi, un article du quotidien New York Daily News a mis en cause la firme américaine, soupçonnée d'avoir versée 500.000 dollars (380.000 euros) à l'ancien président de l'Union cycliste internationale (UCI), Hein Verbruggen, pour couvrir un contrôle positif du coureur américain. L'UCI, désormais présidée par Pat McQuaid, doit encore se prononcer sur le rapport transmis à l'Usada et décidé de priver ou non Armstrong des titres acquis au cours de sa carrière cycliste, et notamment de ses sept Tours de France, remportés de 1999 à 2005.