Attention au match d’après

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COUPE DU MONDE - Après le succès sur les Anglais (19-12), les Bleus doivent confirmer.

L'électrochoc attendu après la déroute tongienne (19-14) a bien eu lieu. En battant les Anglais en quarts de finale samedi à Auckland (19-12), les Bleus se sont hissés pour la sixième fois de leur histoire en demi-finale d’une Coupe du monde. Mais les Bleus peuvent-ils répéter pareil exploit plusieurs fois dans la même compétition ? Pour l’instant, ils ne l’ont jamais fait.

Première étape ?

Au lendemain du réveil français face au XV de la Rose, les hommes de Marc Lièvremont n’ont pas voulu s’abandonner à l’euphorie. Interdiction de se regarder le nombril et de passer des heures à disséquer la belle perf' contre les Anglais. Les seuls commentaires autorisés sont volontairement tournés vers le futur. La preuve dans la bouche de Dimitri Yachvili : "quand on joue tous à notre meilleur niveau, on peut battre n’importe qui".

Intraitable en défense (19 plaquages), Julien Bonnaire, lui non plus, n’a pas trop envie de s’attarder sur sa bonne prestation. "J'avais envie de continuer l'aventure. Il reste deux matches pour arriver au sommet, ce n'était qu'une étape". La consigne a donc été respectée par tout le monde : aller de l’avant et préparer la demie contre les Gallois.

Des précédents à oublier

Cette jubilation maîtrisée est assez compréhensible. Quand on jette un coup d’œil dans le rétro des Bleus, on s’aperçoit vite que les succès de prestige se sont invariablement transformés en vulgaires coups sans lendemain. En 1987, 1999 et 2007, l’histoire s’est répétée pour le XV de France.

Imanol

Pour la première Coupe du monde, les Bleus se rendent en terre néo-zélandaise. Après une demi-finale d'anthologie contre l'Australie (30-24), les Bleus sont battus sèchement par les Blacks (29-9). Bis repetita en 1999. Les Français sortent le "match du siècle" contre les Néo-Z (43-31) avant de s’incliner en finale (35-12) contre l’Australie. Enfin, acte III lors du dernier Mondial en France. Les tricolores battent sur le fil les Blacks (20-18) avant de s’incliner en demies contre l’Angleterre (14-9).

Le sélectionneur est bien payé pour connaître cette irrégularité française. Il y a douze ans, Marc Lièvremont était de la victoire héroïque des Bleus contre les Blacks. "L'histoire a montré à chaque fois, quel que soit le talent des générations passées, après un match gagné aux forceps où tous les leviers de l'orgueil, de la fierté, de la colère avaient été actionnés, que derrière, il y a eu échec". L’entraîneur à la désormais célèbre moustache veut donc immédiatement remobiliser ses troupes : "on verra si cette génération saura écrire sa propre histoire et s'affranchir un peu des précédentes".

L’expérience des "anciens"

Dusautoir

Comme son sélectionneur, le capitaine français anticipe sur la suite: "il faut que cela ait servi à quelque chose. Il faut penser à la semaine prochaine". Thierry Dusautoir, comme onze autres joueurs présents en Nouvelle-Zélande, a connu la désillusion de 2007. "On en a parlé dès le coup de sifflet final. On sait ce qui peut se passer après une euphorie excessive. Il va falloir se reconcentrer et travailler".   

Pour ne pas retomber dans ses travers, le XV de France pourra compter sur l’expérience des "anciens". Lionel Nallet, 35 ans, esquisse déjà un plan de bataille : "cette semaine va être importante. Il va falloir que chacun s’engage à aborder la demi-finale de la même manière qu’on a préparé le quart contre les Anglais". Et puis, toutes les séries, bonnes ou mauvaises, ont une fin. Les Bleus écriront peut-être, pour une fois, une happy end…