La lutte pour le titre entre le PSG, leader, et Lyon, son dauphin, a été intense, ce week-end, non pas tant sur les terrains, où les deux clubs se sont imposés sans trembler sur le même score de 2-0 face à une équipe de la deuxième partie de tableau, qu'en coulisse. Dans la foulée de la victoire de son club, samedi après-midi, face à Evian Thonon-Gaillard, le président de l'OL, Jean-Michel Aulas, a en effet pointé du doigt un "vice de forme" dans la réduction de la suspension de l'attaquant du PSG, Zlatan Ibrahihomvic, passée de quatre à trois matches après un passage devant le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). "Si j'étais le PSG, je n'alignerais pas Ibrahimovic sur la feuille de match car la sanction de la commission de discipline n'a pas été modifiée", avait-il lancé. Finalement, Nantes, adversaire du PSG dimanche soir, n'a pas posé de réserves et le résultat de la rencontre disputée à la Beaujoire ne pourra pas être modifié.
Dans la foulée, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, a égratigné le comportement du président de l'OL. "Une fois de plus, la tentation semble grande pour certains d'intimider leurs adversaires et de faire pression sur les instances et les officiels", a estimé le président de la LFP dans un communiqué.
"JMA" n'a pas tardé à répliquer et dans la soirée de dimanche, l'OL s'est fendu lui aussi d'un communiqué dans lequel son emblématique président invite Thiriez "à faire preuve de sang-froid à son tour".
Pourquoi Aulas s'excite-t-il autant ? Il y a bien évidemment la course au titre. A trois journées de la fin du championnat, son club ne pointe qu'à trois points du PSG avec une meilleure différence de buts. Une défaite parisienne et l'OL pourrait coiffer le couronne de champion. Voilà pourquoi "JMA" s'est permis de mettre gentiment la pression sur le PSG, dimanche soir. Ça ne coûte rien, d'autant qu'il est sans aucun doute dans son bon droit. En effet, la réduction de sanction d'Ibrahimovic a été décidée par le CNOSF sans que la commission d'appel de la Ligue, dont la commission de discipline avait prononcé la suspension de quatre matches, ne soit saisie. "Soit vous vous couchez devant l'argent et les relations obscures, soit vous parlez : j'ai choisi la voie de la parole", a tonné Aulas, dimanche, lors de la remise du trophée de champion de France à l'OL... féminin.
"Des relations qui peuvent poser problème." Ce que sous-entend "JMA" est que la LFP a accepté la conciliation du CNOSF, moins rigide que sa commission de discipline, afin de calmer le jeu avec Canal+, victime d'un boycottage de la part du PSG pour avoir relayé les déclarations d'Ibrahimovic à Bordeaux, causes de sa suspension. Aulas se pose donc en victime du duo PSG-LFP. "Entre le PSG et la Ligue, il y a des relations qui peuvent parfois poser problème", a encore relevé le président de l'OL. Le 17 octobre dernier, le président de la LFP s'était excusé auprès de celui du PSG au sujet de l'arbitrage de Lens-PSG au Stade de France (1-3). La scène avait étonné, d'autant que la Ligue milite pour le respect des arbitres...
Derrière la passe d'armes (ou plutôt de communiqués) du week-end se dessine une rivalité entre le président de la LFP et celui de l'OL, qui est également l'un de six vice-présidents de la Ligue. Aulas a des accointances avec le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, et ne serait pas contre l'idée que la Ligue 1 soit gérée par l'UCPF, l'Union des clubs professionnels de football, en connexion directe avec la FFF, sans passer par le LFP.
Le cas de Lens sur le tapis. Le président rhodanien a jeté un autre pavé dans la mare ce week-end en évoquant le cas du RC Lens. Il a ainsi sous-entendu que les résultats du club artésien, qui pourrait ne pas boucler son budget en fin de saison, devraient logiquement être annulés. Cela ne changerait pas le sort des Sang et Or, 19es du classement et d'ores et déjà déjà relégués en Ligue 2. En revanche, cela modifierait le classement des autres équipes. Et Lyon, qui a perdu un de ses deux matches face à Lens - alors que le PSG a gagné ses deux -, repasserait alors devant le club de la capitale... Oui, décidément, la fin de saison va être animée.