Désormais plus jeune champion du monde de l'histoire de la Formule 1, Sebastian Vettel a réussi un sacré tour de force en remportant les deux dernières courses de la saison. Habitué à la précocité depuis son plus jeune âge, le chouchou de Red Bull a confirmé tous les espoirs placés en lui, sans attendre une saison de plus. A 19 ans, 11 mois et 14 jours, il devenait le plus jeune pilote de l'histoire au départ du Grand Prix des Etats-Unis 2007. A 21 ans, 2 mois et 12 jours, il devenait le plus jeune vainqueur de l'histoire après être devenu le plus jeune poleman la veille, lors du Grand Prix d'Italie 2008. A 23 ans, 4 mois et 11 jours, Sebastian Vettel est logiquement devenu le plus jeune champion du monde de l'histoire. Lui l'enfant de Red Bull, né l'année de la première commercialisation d'une canette Red Bull et surtout soutenu depuis très longtemps par Helmut Marko (ancien pilote proche du patron de l'écurie Dietrich Mateschitz), a été sacré au nez et à la barbe de son coéquipier Mark Webber, et surtout d'un Fernando Alonso dévasté par une stratégie de course désastreuse à Abu Dhabi. "Baby Schumi" est revenu du diable vauvert, remportant trois des quatre dernières courses pour s'imposer en haut de la hiérarchie. Encore plus fort qu'Alonso justement en 2005 ou que Lewis Hamilton en 2008, Vettel bat tous les records de précocité. Difficile de faire mieux que le parcours du bambin allemand, qui a encore conservé son visage de poupon et pleurait comme un bébé dans son baquet à la fin de la course. Un peu moins sur le podium, mais il pleurait encore. On le serait à moins, tant la pression a dû être intense sur les épaules de l'ancien pilote Toro Rosso, qui a réussi à se concentrer sur sa propre course comme un vieux briscard lors des deux dernières manches, au Brésil puis à Abu Dhabi, pour gagner facilement à chaque fois. Et comme un symbole de la passation de pouvoir entre Michael Schumacher et son successeur désigné, le septuple champion du monde a mal terminé sa saison en abandonnant dans le premier tour. Le fils spirituel, plus jeune que Schumi de 19 ans et 6 mois et déjà couvé à plusieurs reprises par les paroles bienveillantes de l'ancien Baron rouge, pouvait alors s'envoler vers son Graal. Le coéquipier de Bourdais en 2008 Juste après Interlagos, Vettel se disait "chaud, chaud bouillant". Fidèle à la ligne de conduite qu'il a toujours tenue depuis son plus jeune âge, l'Allemand a su transformer en stress positif une situation nerveusement éprouvante. Déjà vice-champion du monde la saison passée entre les deux Brawn GP de Button et Barrichello, le pilote Red Bull a déjà achevé une progression fulgurante avec ce titre suprême. Fulgurante mais linéaire, puisqu'avant cette 2e place au championnat du monde, Vettel avait clos la saison en 8e position en signant ses premiers gros coups, encore chez Toro Rosso à l'époque avec Sébastien Bourdais en coéquipier. 5e à Monaco, le nouveau champion du monde avait décroché la pole et remporté le Grand Prix d'Italie à Monza, doté pourtant d'une voiture moyenne au sein de l'écurie soeur de Red Bull. Ses frasques, jamais méchantes mais déjà bien ancrées dans son histoire personnelle, le rapprochent également de Michael Schumacher. La dernière en date est évidemment celle du Grand Prix de Turquie 2010, lorsqu'il s'est accroché avec Mark Webber alors que les deux Red Bull étaient en tête. Lors du Grand Prix d'Australie 2009, pour sa première course avec une monoplace au Taureau ailé, Vettel avait perdu une roue à trois tours de la fin mais tout de même continué sa course, une attitude dangereuse que la FIA avait pénalisé. Et au Grand Prix du Japon 2007, l'Allemand avait accroché... Mark Webber, alors que la voiture de sécurité était de sortie, puis, lors du Grand Prix suivant, en Chine, Vettel avait écopé d'une pénalité de cinq places sur la grille pour avoir gêné un concurrent lors des qualifications. Quand on vous dit qu'il y a du Schumacher dans ce gamin... Un peu plus tôt, en 2004, Vettel avait déjà réalisé une performance d'exception en remportant le championnat d'Allemagne de Formule BMW en décrochant 388 points sur 400 possibles. Là, c'est encore mieux que Schumacher... "Pour être honnête, je ne sais vraiment pas quoi dire, réagissait Vettel à chaud, à l'issue de la course. Nous avons toujours cru en nos chances, qu'il s'agisse de l'équipe ou de la voiture ou de moi. J'en reste bouche bée. C'est phénoménal, la voiture était phénoménale." A la radio, son patron Christian Horner le félicitait en hurlant: "Tu es champion du monde, savoure ce moment, tu es l'homme du jour." Plus que l'homme du jour, Vettel est l'homme de l'année. Voire des années à venir.