Ballon d'Or : l'Espagne l'a mauvaise

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La presse espagnole est très remontée après le choix de Lionel Messi comme Ballon d'Or 2010.

"Cette fois, la Coupe du monde n'a pas compté !" La manchette du quotidien espagnol As résume le sentiment général de l'autre côté des Pyrénées. Alors que le Ballon d'Or avait toujours couronné un champion du monde depuis son ouverture aux joueurs internationaux (1998 Zidane, 2002 Ronaldo et 2006 Cannavaro), l'Espagne est cette fois privée du titre. "Messi a décroché la timbale à Zurich lors d'une soirée où le football espagnol, dominateur lors de la compétition organisée par la FIFA, est reparti les mains vides."

As souligne le paradoxe de cette élection. L'année où la FIFA, via les sélectionneurs et les capitaines, entre dans le jury, c'est un joueur qui a traversé la Coupe du monde comme une ombre qui est couronné… Les Espagnols, qui n'ont plus remporté le trophée depuis plus de cinquante ans (Luis Suarez en 1960*), ont des raisons d'être remontés.

"Un Ballon d'Or injuste"

Marca va encore plus loin que son concurrent et barre sa une d'un "Deux géants (Messi et Mourinho) et un anti-espagnol", avec une petite photo de Sepp Blatter, le président de la FIFA. "Blatter gifle le football espagnol pour la deuxième fois en un mois : il lui a enlevé le Mondial 2018 en décembre et aujourd'hui, il prive de récompense Xavi, Iniesta et Del Bosque." Car même s’ils reconnaissent les mérites de Mourinho, les médias espagnols ne manquent pas de souligner que Del Bosque, qui a conduit l'Espagne à son premier titre de champion du monde, a, lui, aussi, réalisé un travail remarquable en 2010...

Soucieux de capter l'avis de son électorat - et de légitimer sa prise de position ? -, Marca a également demandé leur avis à ses lecteurs. Et le résultat est sans appel : 68,2% des internautes ne sont pas d'accord avec la décision de la FIFA et le jury de France Football de sacrer Lionel Messi. Ce qui permet à marca.com de barrer sa une du titre "Un Ballon d'Or injuste", oubliant un peu vite que les critères d’élection ont changé et que le palmarès n’est plus un critère prédominant...

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Quand on sait qu'un grand nombre de lecteurs de Marca sont des supporters du Real Madrid, le résultat de ce sondage n'est pas une surprise. Interrogé dans L'Equipe de ce mardi, le rédacteur en chef sports d'El Pais, soulignait qu'"il y aurait débat, mais surtout à Madrid". Car, pour une fois, la capitale supportait les Catalans Xavi et Iniesta, symboles de réussite de la sélection nationale. Les deux joyaux de la Roja battus par Messi, bourreau n°1 du Real, normal que la majorité des Espagnols l'ait mauvaise... Pour les consoler, rappelons juste que si le jury avait été le même que l’an dernier, c’est le Néerlandais Wesley Snijder qui aurait été sacré…

*Alfredo Di Stefano, qui jouissait de la double nationalité argentine et espagnole, est le deuxième joueur ibérique à l'avoir emporté, en 1957 et 59.